Après l'échec du projet «Gottardo 2020», les cantons de St-Gall, Thurgovie et Appenzell Rhodes- Extérieures ont signé une déclaration d'intention pour «Expo Bodensee-Ostschweiz 2027».
Les trois cantons se donnent jusqu'à fin décembre pour prendre une décision sur la base d'un avant-projet. Les autres cantons de Suisse orientale les assurent de leur appui. Organiser un tel événement est une démarche titanesque mais aussi une grande chance pour la région, avait déclaré à mi-mars le président du gouvernement thurgovien Jakob Stark.
L'idée d'une exposition nationale dans l'Est de la Suisse a été lancée en 2007. Elle progresse depuis l'abandon en novembre passé du projet «Gottardo 2020». Celui-ci avait été défendu par les cantons du Tessin, du Valais, d'Uri et des Grisons. Il avait été conçu dans la perspective de l'ouverture du futur tunnel ferroviaire du Gothard fin 2016.
Une autre idée pourrait se concrétiser en 2018. Inspiré par Expo.02 et «Grün 80» à Münchenstein (BL), le groupe Bernexpo a l'intention de réaliser «Grün 18» à Berne.
Cette exposition nationale sur la nature et l'environnement traitera par exemple de l'énergie, de l'agriculture ou des «villes vertes». Ses responsables travaillent actuellement à une étude préalable.
L'envergure de tels événements soulève maints problèmes: écologiques, logistiques ou financier. Ainsi, il a fallu sept ans aux deux Bâle pour éponger le déficit de «Grün 80».
Activités créatrices
Questionné sur «Expo.02», Walter Leimgruber, directeur de l'Institut d'anthropologie culturelle et d'ethnologie européenne de l'Université de Bâle, se dit convaincu de la nécessité d'expositions nationales car elles sont à la fois «lieu d'authentification et de quête d'identité».
Il estime qu'une forme plus appropriée doit toutefois être imaginée. Il n'existe pas encore de solution brevetée, constate-t- il. Néanmoins, il suggère qu'elle mise sur trois éléments: la nature, les activités créatrices des visiteurs ainsi que des possibilités d'échange et de communication.
Miroir de son temps
«Il n'est pas resté grand chose dans nos têtes d'Expo.02», constate-t-il un peu désabusé. Il en a été autrement de la «Landi 39» à Zurich par exemple qui a consolidé l'unité nationale en propageant les valeurs de la «défense nationale spirituelle» face aux menaces de la Deuxième Guerre mondiale.
Au contraire, Expo.02 est tombée dans une période durant laquelle la Suisse n'était pas confrontée à des menaces extérieures. Pour M. Leimgruber, la manifestation a certes «fait passer du bon temps à ses visiteurs mais avec peu d'expériences décisives. De ce point de vue, Expo.02 est un bon miroir de son temps.»
Dix ans trop tôt
Pour Bernard Crettaz, sociologue attitré de la directrice générale Nelly Wenger lors d'Expo.02, la manifestation avait dix ans d'avance sur son temps. «C'était un grand événement culturel avec une histoire compliquée. Elle n'a pas eu la reconnaissance qu'elle méritait».
«L'aspect financier explique aussi son demi-échec», note-t-il, allusion au fait que la Confédération et pouvoirs publics ont été contraints de débourser plus d'un milliard de francs sur un budget de 1,6 milliard.
Contrairement aux précédentes expositions nationales, focalisées sur des villes (Zurich en 1939 ou Lausanne en 1964), Expo.02 associait la région des Trois-Lacs, rappelle M. Crettaz: «Elle a été un événement avec des liens multiples... Avec ses arteplages, l'eau comme symbole de la navigation, elle a démontré son ouverture». Mais l'aspect avant-gardiste a été trop peu expliqué aux gens, conclut le Valaisan.