C'est le président du jury, Mike Leigh, qui a remis le prix à Ursula Meier en mentionnant entre autres l'«écriture brillante, la poésie et l'intelligence» de ce film qui a «marqué les esprits et profondément ému les membres du jury». Il a salué la performance des deux jeunes acteurs, la Française Léa Seydoux, 26 ans, et le Vaudois Kacey Montet Klein, douze ans.
«Merci beaucoup, merci à mon équipe et à mon producteur. Ce soir, je pense à mes acteurs, Kacey Montet Klein et Léa Seydoux qui sont des personnes incroyables. 'L'enfant d'en haut' raconte l'histoire d'un petit garçon qui ne trouve pas sa place dans le monde, ici, à Berlin, il l'a trouvé, merci au jury», a déclaré Mme Meier. C'est le deuxième long métrage de la cinéaste.
Fable sociale entre plaine et montagnes
Le film raconte l'histoire d'un jeune garçon, Simon, et de sa soeur adulte Louise. Tous deux vivent dans un appartement miteux d'une cité industrielle en plaine reliée par télécabine à une luxueuse station de montagne, où les riches touristes profitent du soleil et de la neige.
Simon aime se rendre à la montagne, tandis que sa soeur se fait entretenir par des amants louches. Il se fait passer pour fils de riche mais mène un trafic lucratif en volant des équipements de ski pour les revendre dans la vallée. «L'enfant d'en haut» sortira le 4 avril dans les cinémas romands.
Ursula Meier, 40 ans, s'est notamment illustrée avec «Home», largement primé. La réalisatrice, née à Besançon (F), a également été récompensée pour un court-métrage, «Des heures sans sommeil» (1998), au Festival de Clermont-Ferrand et à celui de Toronto.
Jules César et Dante
L'inséparable duo italien des frères Taviani, Paolo et Vittorio, 162 ans au total, a lui remporté l'Ours d'or de cette 62e Berlinale pour «César doit mourir», librement adapté du «Jules César» de Shakespeare, interprété par des détenus d'un quartier de haute sécurité à Rome. Ils l'ont emporté devant 17 autres films en compétition depuis le 9 février.
Le jury, présidé par le cinéaste britannique Mike Leigh, était notamment composé d'acteurs - Jake Gyllenhaal, Charlotte Gainsbourg et Barbara Sukowa - et de réalisateurs - l'Iranien Asghar Farhadi, Ours d'or 2011, le Français François Ozon et le Néerlandais Anton Corbijn.
L'idée de «César doit mourir», en partie filmé en noir et blanc, est venue aux deux frères alors qu'ils assistaient à une représentation de «L'Enfer» de Dante, au coeur de la centrale de Rebbibia à Rome.
«J'espère que quand ce film sera montré au public, certains en rentrant chez eux se diront (...) que même des criminels endurcis, condamnés à la perpétuité, sont et restent des hommes», a déclaré Paolo Taviani, 80 ans, en recevant le prix. Fils d'un avocat anti- fasciste, les frères Taviani sont connus pour leur cinéma engagé dans la réalité sociale de leur pays.
Stasi et Roms
Très remarqué par la presse et le public allemands, «Barbara» ou l'histoire d'une femme médecin (Nina Hoss) surveillée neuf ans avant la chute du Mur de Berlin par la Stasi, la police secrète de l'ex- RDA, a été distingué par l'Ours d'Argent du meilleur réalisateur pour Christian Petzold.
Et le Grand Prix du Jury a récompensé un drame hongrois sur le sort fait aux Roms, «Juste le vent», de Bence Fliegauf, au moment où un gouvernement nationaliste autoritaire est aux commandes à Budapest.
Du côté des acteurs, l'Ours d'argent est allé chez les femmes à une ex-enfant des rues de Kinshasa, la Congolaise Rachel Mwanza, quatorze ans, pour son incarnation d'un enfant-soldat dans «Rebelle» du Canadien Kim Nguyen.
L'Ours du Meilleur acteur a récompensé le Danois Mikkel Boe Folsgaard, dans «A Royal affair» de son compatriote Nikolaj Arcel. Le film a par ailleurs reçu le prix du meilleur scénario. La Berlinale devait officiellement ses portes dimanche soir avec la projection au public de l'Ours d'or.
"César doit mourir" des frères Taviani remporte l'Ours d'Or à Berlin
Le film italien "César doit mourir", des frères Paolo et Vittorio Taviani, a remporté ce samedi l'Ours d'Or du festival international de Berlin. Ursula Meier remporte un prix spécial.

KEYSTONE