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Dans les coulisses du Cirque blanc

La Coupe du monde masculine faisait escale à Crans-Montana pour la première fois depuis 1998. Un week-end plein de succès.

27 févr. 2012, 00:01
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Quatorze ans. C'est le temps qu'a dû attendre Crans-Montana pour accueillir à nouveau la Coupe du monde masculine de ski. Pour son retour en Valais, le Cirque blanc a offert un spectacle haut en couleurs ce week-end sur le Haut-Plateau. L'occasion pour "La Côte" de plonger un week-end dans le monde du ski de haut niveau.

Vendredi, 9 heures. La course a lieu deux heures et demie plus tard et les athlètes effectuent la reconnaissance d'une piste qu'ils ne connaissent pas. Seuls les anciens Didier Cuche et Benjamin Raich (vainqueurs vendredi et respectivement samedi), ont déjà descendu la Nationale en Coupe du monde. C'était lors des finales en 1998. Deuxième samedi, le Savoyard Adrien Théaux relève la difficulté d'évoluer sur un nouveau parcours: "Les deux jours d'entraînement qu'on a fait avec l'équipe de France début janvier ont joué un rôle dans mon résultat. Sur ce genre de piste, et surtout en super-G, l'expérience joue beaucoup."

 

Entre jeux de carte et observation du panorama

 

Après la reconnaissance, c'est le moment de se concentrer sur la course. Il est alors moins de 10 heures, plus d'une heure et demie avant la manche qui attend quelque 70 skieurs. Ceux-ci, avec une partie de leur staff, se retrouvent au restaurant Cry d'Er. Certains jouent aux cartes, les Français profitent du panorama magique de la terrasse. Aksel Lund Svindal mâch e simplement un chewing-gum. "Je n'ai dormi que trois heures la nuit passée à cause du décalage horaire" , rigole pour sa part Jan Hudec. Le Canadien terminera pourtant sur les talons de Didier Cuche.

Le Neuchâtelois est très concentré. Après sa victoire, il avouera avoir ressenti de la pression avant d'effectuer les dernières courses en Suisse de sa carrière. "Ces derniers jours, les gens me disaient que je devais gagner, lance-il. Je suis content de l'avoir fait." Le skieur des Bugnenets s'excusera aussi de ne pas pouvoir répondre à toutes les sollicitations d'un public nombreux (près de 50 000 spectateurs sur trois jours): "Il y a beaucoup de monde et, pour rester dans ma bulle et mon timing, je ne peux pas m'arrêter pour signer des autographes ou prendre des photos avant la course." Ses fans ne lui en ont pas tenu rigueur. Ils étaient plusieurs milliers samedi soir pour venir fêter le Suisse de l'année lors d'une cérémonie au centre de la station. "C'est difficile de trouver des mots pour décrire une ambiance pareille" , imagine l'intéressé.

Retour à vendredi. 10h30. La pression monte quelque peu. Les Suisses restent ensemble. Les deux Didier (Cuche et Défago) parlent trajectoires. A d'autres tables, l'ambiance est plutôt à la rigolade, notamment pour les Italiens. On parle toutes les langues. Certains écoutent de la musique. Ted Ligety, toujours aussi détendu, est lui au café. Thomas Mermillod Blondin se refait la course dans la tête.

 

Un matériel consistant

 

Défago va prendre l'air et en profite pour parfaire son bronzage. C'est également le Morginois, en fin connaisseur, qui nomme les montagnes. " Ç a va pas trop mal pour le moment, on verra ce que ça donne sur la piste" , lâche le Valaisan. Il finira à un bon 11 e rang.

Il est 11 heures. Les Suisses mettent leur combinaison. Sous celle-ci, des bouts d'anciennes combis sont utilisés. Les protections aux épaules et au dos, le casque, les bâtons, rien n'est oublié dans le rituel. Cuche prend son temps. Un technicien revisse les chaussures d'un champion. Les skieurs quittent petit à petit le restaurant pour se rendre au départ.

 

Entassés dans une tente pour voir la course

 

C'est le moment des derniers préparatifs. Le moment de s'échauffer, de vérifier que le matériel est bien en place. Cuche refait la course, il tape dans la main de Beat Feuz. Plusieurs skieurs, à l'image d'Eric Guay, en profitent pour mettre leurs chaussures dans la neige, afin qu'elles restent à basse température. D'autres s'entassent dans une petite tente pour suivre la course sur un minuscule écran. Lorsqu'Andreas Romar, parti avec le dossard 3 chute, les athlètes grimacent. Quelques minutes plus tard, c'est au tour de Sandro Villetta de voir la neige de près. Il saigne. Feuz n'aime pas ça et retourne s'échauffer. Les organisateurs hésitent à envoyer la luge.

La qualité de la neige fait beaucoup parler. Il fait 12 degrés au départ de la course. Durant les trois jours, le soleil aura été de la partie en Valais. Mais la chaleur également. Et avec elle, les difficultés ont été largement accrues pour les organisateurs, la neige devenant très molle. Mais pour le public, le spectacle au son des Guggenmusik a été inoubliable. "C'est tout simplement extraordinaire" , s'est d'ailleurs exclamé l'ancien président du Stade Nyonnais Daniel Perroud.