Taylor Swift a retiré ses chansons du site suédois de streaming audio Spotify, a fait savoir ce dernier lundi. Il ne propose plus que quelques titres issus de collaborations, alors qu'il donnait jusqu'ici accès à la quasi totalité du catalogue de la chanteuse américaine.
Spotify et ses concurrents sont la bête noire de nombreux artistes et maisons de disques. Ces derniers arguent que les musiciens empochent peu de revenus et que les services de streaming musicaux dissuadent le public d'acheter des albums. Sur son blog, le groupe suédois a toutefois rétorqué que près de 70% de son chiffre d'affaires était reversé dans l'industrie musicale. "Nous pensons que les fans doivent pouvoir écouter de la musique quand et où ils veulent et que les artistes ont un droit absolu à être payés pour leur travail et protégés des pirates."
Concrètement, chaque artiste touche en moyenne entre 0,006 et 0,008 francs par morceau écouté. Quand Spotify parle de 70% de ses revenus reversés à l'industrie du disque, il inclut donc le label, le producteur et le distributeur.
Spotify demande à la chanteuse de revenir sur sa décision. "Nous aimons Taylor Swift et nos plus de 40 millions d'utilisateurs l'aiment encore plus que nous - près de 16 millions d'entre eux ont écouté ses chansons durant les 30 derniers jours, et elle est sur près de 19 millions de playlists."
Sans prendre une action aussi drastique que Taylor Swift, de nombreux artistes d'envergure ont retardé la mise à disposition en streaming de leurs nouveaux albums. Cela afin de ne pas rater de ventes à la sortie de leur opus.
La chanteuse n'avait pas commenté sa décision lundi mais le responsable de sa maison de disques Big Machine Records, Scott Borchetta, avait indiqué l'an dernier que les services de streaming participaient "à une course continuelle vers le bas" dans la dévaluation de la musique. D'après Time, en juillet dernier, elle conviait au "Wall Street Journal": "pour moi, la valeur d'un album est, et sera toujours, basée sur la quantité d'âme et de coeur qu'un artiste met dans son travail et sur les moyens que l'artiste et son label mettent dans leur produit pour le commercialiser. La piraterie, le partage de fichiers et le streaming ont drastiquement réduit le nombre d'albums payés et chaque artiste réagit différemment."
Elle s'est ensuite longuement exprimée sur l'art et sa valeur marchande. "La musique, c'est de l'art, et l'art est important et rare. Les choses importantes et rares ont de la valeur. Et les choses qui ont de la valeur doivent être payées. Pour moi, la musique ne devrait pas être gratuite et je pense qu'à l'avenir les artistes et les labels décideront du prix d'un album. J'espère qu'ils ne sous-estimeront pas eux-mêmes ou sous-évalueront leur art."
Le cinquième album de l'auteure-compositrice et interprète Taylor Swift, intitulé "1989" comme l'année de sa naissance, est sorti la semaine passée. L'artiste avait publié son premier album à 16 ans, en 2006.