Mama Rosin "Bye Bye Bayou" (Irascible - Moi j'connais Record)
Sensation jouissive que celle que procure l'écoute du dernier album des Genevois de Mama Rosin. Car avec ce "Bye Bye Bayou", enregistré à New York sous la houlette de Jon Spencer, c'est un voyage dans le temps qui s'opère. Imaginez un vieux studio d'enregistrement des années 1960 dans lequel vous placeriez trois musiciens un brin allumés qui jouent un blues des plus festif. Vous obtiendrez un disque totalement inclassable, dont on ne sait dire à la première écoute s'il s'agit d'une imposture totale ou d'une brillante leçon libertaire. Imposture car le premier inspecteur des travaux finis passant par là déclarerait le résultat bâclé, tant les sons semblent incontrôlables, voués à une hiérarchie d'un autre monde, et la musique partir dans tous les sens. Mais on oubliera vite le contrôleur obtus des travaux finis, tant la manière de faire voulue par Mama Rosin (qui semble nonchalante mais qui, de fait, relève d'un gros travail de mixage et de prise de son) donne à la musique une dimension psychédélique étonnante, une liberté bienvenue.
Une jolie bouffée d'air à l'heure où il est exigé des musiciens une certaine austérité formelle dans leurs créations. "Bye Bye Bayou": un grand foutoir coloré qui nous réconcilie avec le rock et son énergie.