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Aire de repos, lieu de rencontres

Les abords de l'autoroute sont propices aux amours homosexuelles furtives.

19 mars 2014, 06:01
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rhaener@lacote.ch

L'autoroute, c'est bien sûr des voitures qui circulent. Mais aussi des aires de repos pour, comme leur nom l'indique, se reposer du trajet. Ou y rencontrer d'autres gens. Depuis toujours, ou presque, on prétend que la communauté homosexuelle affectionne ces aires de repos autoroutières pour leur discrétion. Mais d'emblée, il faut préciser: "Il s'agit d'hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes" , explique Florent Jouinot, délégué du Comité de l'association VoGay. Une acception plus large qui permet d'intégrer, fidèlement à la réalité des constats, des hommes se définissant aussi bien comme homosexuels que comme bisexuels ou hétérosexuels. De fait, des hommes ont toujours cherché des endroits pour se retrouver une fois la nuit tombée, qu'il s'agisse de parcs urbains, de plages naturistes ou, donc, d'aires de repos. Ainsi la Pierre Féline, à Céligny, ou l'aire de Saint-Prex.

Pourtant, il existe bien d'autres lieux de rencontre, clairement estampillés et sécurisés, comme les saunas et sex-clubs. Comme le confirme par ailleurs VoGay: "Les nouvelles générations ont trouvé d'autres moyens pour se rencontrer discrètement grâce à internet et aux applications de natel." Malgré cela, un nombre important d'hommes fréquentent encore ces "Lieux de rencontre extérieurs (LRE)". Et des études l'étayent, comme celle coordonnée par Groupe Sida Genève en 2011: " Dans l'enquête précédemment menée (2009), il était apparu que les hommes rencontrés fréquentaient moins les espaces identitaires gays que les lieux plus anonymes. (...) Il était également apparu une logique de mobilité transfrontalière (intercantonale et internationale)" , dit l'étude en question. Qui poursuit: "17% des hommes sondés ayant fréquenté un LRE n'ont jamais fréquenté de saunas, ni de boîtes de nuit, ni de sex-clubs à des fins de relation sexuelle au cours des 12 derniers mois." De quoi confirmer, en somme, qu'une partie des hommes qui se retrouvent sur les aires d'autoroute diffèrent un peu des autres: "Ils ont un plus grand nombre de partenaires, masculins comme féminins (...) et une plus grande exposition au risque" , dit encore l'étude du Groupe Sida Genève.

 

Homophobie

 

Des risques sanitaires, d'un côté, mais aussi des risques quant à leur intégrité physique. "Le "gay bashing" (ndlr: agression contre les homosexuels) arrive encore, même si les cas semblent en diminution" , explique Florent Jouinot. De fait, si les aires d'autoroute sont fréquentées par des "hommes cherchant des relations avec des hommes", elles le sont aussi, parfois, par des gens menant des expéditions punitives pour "casser du PD". Comme ce fut le cas à la Pierre Féline en 2003 et 2004 (lire encadré) ou à Genève l'été dernier.

Pourquoi dès lors continuer à se rendre sur les aires de repos? "Il faut comprendre que certains hommes n'ont pas pu, pour diverses raisons, accepter leur attirance pour les hommes et vivent dans une sorte de déni et de honte d'eux-mêmes. Eux ne veulent pas intégrer une communauté et affirmer une sexualité minoritaire au grand jour. Ils fréquentent donc des lieux clandestins." Mais ceux qui fréquentent les aires d'autoroute, comme des parcs urbains, peuvent aussi le faire pour "l'excitation que provoque le fait de faire l'amour dans un lieu public" , dit encore Florent Jouinot. Un goût de l'aventure que les homosexuels ne sont pas les seuls à rechercher...

Reste que, depuis des décennies, la communauté homosexuelle collabore avec la police cantonale. " Nous leur demandons de pratiquer des patrouilles de temps à autres sur les aires de repos." Il est aussi demandé aux agents de ne pas pratiquer d'excès de zèle en allant "fouiller" les bosquets de leur lampe-torche, de manière à préserver l'intimité d'adultes consentants. Car, au regard de la loi, il n'est pas interdit d'avoir des relations sexuelles dans les lieux publics. Il est simplement demandé de ne pas faire d'exhibitionnisme. "La police a pour mission de veiller à la sécurisation des gens sur les aires de repos, explique le porte-parole de la gendarmerie Philippe Jaton. Nous n'avons pas de problème particulier avec ces hommes, même si nous leur conseillons d'aller ailleurs s'ils veulent vraiment de l'intimité."

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