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Expo 64: une Suisse confiante en son futur

30 avril 1964: sept jours après la N1, l'Expo est inaugurée à Vidy. Rappel.

30 avr. 2014, 00:01
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martine.rochat@lacote.ch

Il y a cinquante ans, le 30 avril 1964, l'Expo s'ouvrait à Lausanne pour se fermer le 25 octobre. L'événement a imprimé sa trace dans les mémoires de plusieurs générations. Normal, dès lors, dans une série sur l'autoroute, inaugurée une semaine plus tôt, de s'intéresser à une manifestation qui donne une vision inattendue de la Suisse, loin du patriotisme gnan-gnan à la naphtaline...

Sous le titre "Expo 64, printemps de l'architecture suisse", une présentation d'images grand format en plein air sur le site de Vidy, réalisée par l'institut d'architecture et les Archives de la construction moderne de l'EPFL donne, de fait, le coup d'envoi à une série de commémorations. Entretien avec le professeur Pierre Frey (photo), concepteur de cette rétrospective.

Qu'est ce fonds d'archives et quel lien avec l'Expo?

Spécialisées dans la construction moderne, nos archives font de nous l'école qui, en Suisse, dispose du plus important fonds d'archives, écrits, dessins et photos, sur Expo 64. Une collection que nous avons développée grâce à un appel au public, lancé lors d'une première exposition en 1994 au musée Arlaud, à Lausanne.

Pourquoi parler du printemps de l'architecture suisse?

On aurait pu faire alors dans le classique. Mais, dans l'urgence, les politiciens ont fait confiance à l'équipe entourant l'architecte en chef (ndlr: Alberto Camenzind). Celui-ci a réuni un fabuleux casting de jeunes créateurs, pour qui Expo 64 a été un tremplin. Résultat: une liberté inimaginable, une fantaisie et un laboratoire d'expérimentation dans tous les domaines, pour un héritage qui dure jusqu'à nos jours. Expo 64 a vraiment donné des lettres de noblesse à des professions moins visibles jusque-là.

Des illustrations concrètes...

L'architecture, mais aussi le génie civil, le travail du bois, les structures métalliques. Exemple: le théâtre de Vidy, conçu par Max Bill, qui subsiste jusqu'à ce jour, mais encore la tour spirale, certes plus une attraction touristique plus qu'autre chose. Sans oublier les spectaculaires voiles, ornements du nouveau port de Vidy, gagné en comblant le lac avec 200 000 m 3 de terre. Le lieu d'une débauche nocturne de lumière quelques années après l'obscurité des années de guerre.

Cela en pleine guerre froide...

Oui, par rapport à d'autres expressions artistiques, objets d'un contrôle idéologique beaucoup plus strict par le pouvoir, comme le cinéma, notamment. Mais, encore une fois, la brièveté des délais de réalisation explique sans doute cela.

Avez-vous vécu l'Expo, quel souvenir en gardez-vous?

J'avais quinze ans en 1964. En un temps où on construisait de manière assez terne, j'ai été émerveillé par l'Expo. J'avais participé à un concours comme écolier et j'avais gagné une carte permanente. J'ai partagé mon été entre Vidy et la piscine de Bellerive. Expo 64 a été une révélation en termes de structures, espace, efficacité et côté joyeux. Même l'armée y était allée d'un bâtiment impressionnant. Autant de caractéristiques qui ont valu à l'Expo un incroyable retentissement international. La presse étrangère lui a consacré de nombreux sujets. le Times new-yorkais a dit que Lausanne était la plus belle exposition du XX e siècle au monde. Walt Disney, venu en visite, a été enchanté par ce qu'il a vu.

Quelle comparaison peut-on faire avec Expo 02?

Il y a un point commun: les deux ont vu le jour au bord d'un lac, trois pour la dernière, mais un changement de paradigme. J'ai préféré 1964, qui avait pour elle l'atout d'être un jaillissement de folie. Expo 02, en revanche, ne dépasse pas, à mon avis, le niveau du remake.

Ces propos s'inscrivent dans une série sur l'autoroute, que dire des relations entre celle-ci et l'Expo nationale?

Elles sont absolument complémentaires, témoignant d'une même volonté d'innover, y compris en matière de transports. La Voie suisse, qui était l'un des huit secteurs de l'exposition, s'imbrique étroitement avec elle, empruntant un itinéraire qui l'amène sous le giratoire de la Maladière. Mais, hormis de belles réalisations, telles le pont d'Aubonne, à voir de préférence de dessous, l'architecture n'est pas intéressante. Juste un ruban de béton, voire parfois un grand n'importe quoi. Je pense, bien sûr, à la traversée de Morges.

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