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Les MacGyver de l'autoroute

Depuis l'ouverture de l'A1 en 1964, les hommes du TCS dépannent (presque) tout ce qui ne bouge plus.

30 juil. 2014, 00:01
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fmorand@lacote.ch

"Sur l'autoroute, dans un tunnel vers Yverdon, des Belges s'étaient parqués dans une niche pour pique-niquer à l'abri de la pluie, ils avaient carrément sorti la table" , rigole David Glutz, qui circule pour le Touring club suisse (TCS) depuis 2002. Au fil de ses 12 années d'expérience, cet habitant de Givrins a engrangé de nombreuses expériences qu'il partage volontiers. Chaque jour, huit à dix dépanneurs basés à Crissier couvrent la zone Nyon-Bavois-Chexbres et règlent entre 80 et 100 pannes par jour. Lorsqu'un appel provient de l'autoroute, ils doivent intervenir dans les 30 minutes.

Parmi les situations cocasses, David Glutz se souvient d'un chauffeur qui avait traversé l'A1, de jour, pour appeler depuis la borne SOS située juste en face d'où il était arrêté. David Glutz a donc cherché, en vain, une voiture en panne du mauvais côté, jusqu'à ce qu'il joigne par téléphone l'automobiliste qui lui annonce le risque inconsidéré qu'il a pris.

Les rencontres peuvent aussi être inattendues, voire surprenantes. "Une fois, je me suis retrouvé avec un doberman qui me grognait dans les oreilles , sourit un de ses collègues. Les personnes qui étaient en panne ne m'avaient pas averti que le chien était encore dans l'auto." Un jour, appelé pour des clés enfermées dans le véhicule, David Glutz retrouve une dame, les portières grandes ouvertes, qui lui avoue n'avoir pas osé donner la vraie raison de la panne... Son serpent était sorti du sac et elle voulait que le dépanneur ouvre le tableau de bord et attrape l'animal "qui mord, mais n'est pas venimeux" , a-t-elle spécifié.

Dépanner les engins motorisés, c'est aussi le risque de se retrouver face à la police, ou, plutôt, à ceux que les forces de l'ordre recherchent. Le trentenaire relate qu'un jour, un motard, tombé en panne sur l'autoroute, a appelé de la borne SOS. L'appel arrive directement à la police, le chauffeur a donné le numéro de plaque, mais a refusé de divulguer son nom. Le réparateur du TCS était déjà sur place quand il a vu les feux bleus débarquer à vive allure... la moto venait d'être volée.

 

Dépanner avec un bout de scotch et de l'imagination

 

Jouissant de ses douze années d'expérience, David Glutz n'est plus surpris par les agissements des usagers de l'autoroute. "Les gens mettent toujours leur triangle de panne trop près, parfois même sur leur coffre. Pourtant, c'est une assurance vie!", souligne-t-il. Et si la création de la troisième piste entre Ecublens et Morges fonctionne bien, les dépanneurs redoublent de prudence, car "il y a toujours des personnes qui ne respectent pas les feux et roulent quand la piste est fermée." Mais peu importe la situation, son métier lui plaît. "Sur ces voies rapides, tout le monde se croise. C'est très enrichissant personnellement et socialement. Car au final, peu importe qui est derrière le volant, le problème est le même."

Chaque jour ces dépanneurs avalent des dizaines, voire des centaines de kilomètres, seuls dans leur véhicule. "Oui, c'est vrai que c'est un boulot assez solitaire, même si nous rencontrons toujours du monde. Mais c'est un travail positif, les gens sont contents de nous voir arriver. De plus, en étant seul, nous avons une prise de décision assez importante qui nous incombe. D'ailleurs, il y a quelques années, j'ai été pris en formation pour les pompiers professionnels à Lausanne, c'était un rêve de gosse. Mais au bout de trois mois, j'ai arrêté, j'étais resté trop longtemps seul dans ma voiture" , confie David Glutz.

Ce qu'il aime également, c'est de devoir trouver des solutions, parfois un bout de scotch suffit, pour que la voiture roule jusqu'au garage. Et d'autres fois, ce sont les autres usagers qui viennent à la rescousse. " Sur la bande d'arrêt d'urgence, juste avant l'échangeur d'Ecublens en venant de Morges, un van avec trois chevaux à l'arrière avait un pneu crevé et un second était sur le point d'exploser. Avec mon cric, je n'ai pas réussi à lever la remorque, un deuxième dépanneur est venu en renfort quand un automobiliste s'est arrêté. Il nous a dit avoir le même van avec quatre roues de réserve, qu'il habitait à côté et allait nous les chercher. On trouve toujours un moyen de s'en sortir, parfois il faut réfléchir un peu et d'autres fois c'est la chance qui nous sourit" , raconte ce MacGyver de la route.

"Notre but premier est de faire repartir la voiture. Ce qui nous différencie des privés qui chargent plus rapidement afin de l'amener au garage, explique-t-il. Nous avons un taux de remise en route d'environ 80%, un peu moins pour l'autoroute." Sur ces voies rapides, les arrêts d'urgence les plus fréquents sont liés à une surchauffe, un problème d'embrayage ou un manque d'huile, qui causent des dégâts empêchant, souvent, la remise en route. Quasi journellement, des automobilistes tombent en panne d'essence, aujourd'hui synonyme de retrait de permis. "Un jour, un homme dans une belle voiture me soutenait qu'il y avait encore de l'essence dans son réservoir. Il n'a pas voulu que j'en rajoute une seule goutte. J'ai dû le remorquer jusqu'à la sortie où, là, il a fini par admettre qu'il était en panne sèche. Ce comportement arrive en général quand ils ont leur blonde à côté" , sourit-il.

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