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Un Meccano grandeur nature

"Un pont sur le pont" de l'autoroute construit pour réparer la chaussée.

13 août 2014, 00:01
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jlaurent@lacote.ch

Dans le ciel de la nuit de samedi à dimanche passé, le ballet des grues déchargeant d'immenses plaques de roulement et, au sol, les hommes encastrant au fur et à mesure les divers éléments du fly-over d'Ecublens - "un pont sur le pont" de l'autoroute A1 - ressemblait de loin à l'assemblage d'un grand jeu de construction Meccano.

Mais la récente actualité tragique ne doit pas faire oublier que le travail des hommes en orange n'a rien d'un jeu. Ou alors le jeu se révèle mortel. En juin dernier, un agent de sécurité, fauché par un automobiliste fou, décédait sur l'autoroute A1, entre la jonction de Chavornay et l'échangeur d'Essert-Pittet, alors qu'il surveillait, sur la chaussée fermée à la circulation, l'accès des poids lourds transportant les éléments d'un fly-over, lors d'un chantier de nuit. "On a immédiatement mis sur pied des mesures supplémentaires de sécurité, en sus de celles imposées par les normes en vigueur" , explique Denis Rohrbasser, responsable d'exploitation du Centre d'entretien des routes nationales de la Blécherette.

Samedi soir, le début du chantier de l'installation du fly-over, sur la chaussée côté Jura, à la hauteur de l'échangeur autoroutier d'Ecublens, était protégé par un barrage supplémentaire fait d'une chicane posée à l'entrée de la chaussée fermée.

 

Montage, démontage et remontage nocturne

 

L'installation d'un fly-over de 230 tonnes et de 106 mètres reste une entreprise titanesque qui demande une organisation coordonnée entre les collaborateurs de l'entretien des routes, leurs partenaires et la gendarmerie. Ainsi qu'une équipe prête à travailler toute la nuit: les employés de l'entretien des routes étaient une trentaine pour la mise en place du trafic bidirectionnel, pour l'installation du fly-over et pour la maintenance de l'autoroute. "On profite de la fermeture de ce tronçon pour effectuer la maintenance électromécanique des caméras posées sur portiques et actives quand le trafic est ouvert sur les trois voies" , explique Denis Rohrbasser. Les hommes en orange collaboraient en outre avec une entreprise de transport (il a fallu dix-huit camions et deux autogrues pour acheminer et monter les divers éléments), ainsi qu'avec une équipe de marquage au sol.

Samedi, à 20 heures, le coup d'envoi du chantier du fly-over était donné, la chaussée Jura fermée à la circulation, l'autre chaussée étant en bidirectionnel. A l'entrée du chantier, sur l'autoroute, un agent de sécurité contrôlait l'accès des véhicules liés au chantier, tandis qu'un autre faisait de même, sur la route cantonale, également fermée à la circulation, située en contrebas du pont de la Venoge. Faute de place suffisante et à des fins d'efficacité, il s'agissait de pouvoir décharger à l'aide de deux autogrues les immenses éléments de roulement à deux endroits simultanément.

Au petit matin, vers 7h30, après une heure seulement de pause à minuit, les ouvriers avaient terminé d'assembler le pont éphémère. En tout, il aura fallu une dizaine d'heures pour installer le fly-over sur les trois voies. Le trafic a pu reprendre "normalement", si l'on excepte l'expérience pour les automobilistes consistant à emprunter ce dos d'âne à une vitesse de 60 km/h (l'ouvrage étant interdit au plus de 40 tonnes).

 

Côté lac dès le 30 août

 

Tout ce dispositif avait pour objectif d'aménager, sous le pont provisoire, un espace suffisant afin que des spécialistes du génie civil puissent changer en toute sécurité un joint défectueux. "La durée de vie d'un joint autoroutier se situe entre 20 et 25 ans" explique Denis Rohrbasser. Les ouvriers disposeront de 15 jours, pas un de plus, pour ôter l'ancien joint et en poser un nouveau. Car, le 30 août, après une semaine de pause, rebelote dans l'autre sens. Après son démontage sur la chaussée Jura, le 23 août, le fly-over sera posé côté lac pour terminer les travaux. En tout le chantier aura duré un mois.

 

Un dispositif très demandé

 

Etant donné que l'Office fédéral des routes (Ofrou) refuse de fermer les autoroutes pendant les travaux, les responsables de leur entretien jonglent avec des conditions de travail difficiles. L'arrivée sur le marché suisse des fameux fly-over a représenté un gain en la matière. Il n'en existe que deux pour l'instant, un pour l'est, un pour l'ouest du pays. "C'est un dispositif qui présente de nombreux avantages en termes de sécurité, tant pour les collaborateurs de l'entretien des autoroutes que pour les employés qui changeront le joint dans de bonnes conditions, l'ouvrage as surant également une meilleure fluidité du trafic lors des travaux" , assure Denis Rohrbasser. "A ce jour, il s'agit de notre septième pose et dépose de fly-over, mais c'est le premier que nous posons sur trois voies. Fin octobre, nous atteindrons les 14 engagements et pour 2015 dix sont déjà planifiés" , précise encore le responsable d'exploitation.

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