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Coronavirus: la lettre aux aînés de Héloïse Pocry

«La Côte» propose une lettre adressée aux personnes les plus concernées par le Covid-19. Aujourd’hui elle est signée par l’écrivaine glandoise Héloïse Pocry.

27 avr. 2020, 07:00
lettre

Chèr-e-s aîné-e-s
 
Vous nous devancez dans la vie de dix ans, trente ans, cinquante ans ou plus. Vous nous précédez
en joies et en conneries, en échecs et en réussites. Vous nous montrez ce que nous serons dans dix ans, trente ans, cinquante ans ou plus. Vous nous montrez, surtout, ce que nous sommes responsables d’entreprendre maintenant pour espérer être heureux à votre âge. Vous êtes en fait notre futur, autant que nous sommes le vôtre.
 
Ma grand-mère se languit d’embrasser tous ses petits-enfants. Sa sœur, ma grand-tante, me dit l’irréalité de ne plus voir personne depuis un mois. Ma mère ne se réjouit plus du tout d’avoir le grand lit pour elle toute seule : c’était sympa une semaine, mais maintenant ce n’est plus drôle. Quand pourra-t-elle de nouveau s’endormir à côté de mon père ?
 
Quant à moi, chaque matin et chaque soir, je souris : mon compagnon est là, tout à côté de moi. Nous avons emménagé ensemble quelques jours avant le confinement. Il me suffit de son regard dans le mien pour que tout soit moins grave. Il me suffit de sa peau contre la mienne pour oublier le monde. Quelle chance d’être deux. Quelle chance de partager la vie, même lorsqu’elle se rétrécit à l’intérieur de quatre murs. Imaginer ce que serait le confinement sans lui me terrifie.
 
Alors j’ai patience, courage et compassion au cœur en pensant à toutes celles et ceux qui ne sont pas deux. Qui manquent et qui nous manquent.
 
Quand pourrons-nous vous reprendre dans nos bras ? Vous toucher la main, vous serrer l’épaule, vous faire trois fois, quatre fois, douze fois la bise ? Le confinement nous rappelle le plus important, parfois cruellement : qu’est-ce qui nous fait vibrer dans la vie ? Nous fait sentir le plus vivant ? C’est le contact avec l’autre, c’est la voix qui prononce notre prénom, c’est l’embrassade qui nous comble de tendresse au-delà des mots.
 
Au diable les réserves de PQ, les vols de masques dans les hôpitaux et les incivilités habituelles. Notre intelligence est plus grande que cela, n’est-ce pas ?
 
Chèr-e-s aîné-e-s, gardons espoir et prenons soin les uns et les unes des autres. Apprivoisons ensemble nos futurs possibles pour qu’ils soient les meilleurs et aussi les plus tendres.

Héloïse Pocry, écrivaine

 

Si vous désirez contribuer, et écrire votre lettre à nos aînés, vous pouvez adresser votre prose (1500-2500 signes) à entraide@lacote.ch.

Ces lettres sont lues dans l’émission de la RTS «Porte-Plume» diffusée du lundi au vendredi de 11h à 11h30. Une opération en partenariat avec «Le Nouvelliste», «Le Quotidien jurassien», «Le Journal du Jura», «La Liberté», «La Côte» et le mensuel «Générations».

 

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