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Coronavirus: Washington accuse la Russie de désinformation en ligne

Le début d’une guerre froide numérique? C’est en tout cas de graves accusations que les Etats-Unis ont émises à l’encontre de la Russie, en assurant que des milliers de comptes russes diffusent de fausses informations sur le coronavirus sur toutes les plateformes. Moscou dément.

22 févr. 2020, 23:12
Ce serait, selon les Américains, une opération de grande envergure visant à les discréditer dans leur lutte contre le coronavirus que la Russie aurait alimenté des milliers de comptes avec de fausses informations.

Des milliers de comptes liés à la Russie sur Twitter, Facebook et Instagram propagent de la désinformation anti-américaine sur le nouveau coronavirus apparu en Chine, ont affirmé des responsables américains. Pour Moscou, cette accusation est «délibérément fausse».

La campagne de désinformation et de propagation de théories du complot a démarré il y a un mois, à un moment où le nombre de morts en Chine était de trois et l’épidémie n’en était qu’à 200 cas à Wuhan, selon ces responsables. Aujourd’hui, le bilan est monté à plus de 2200 morts et 75’000 cas en Chine, et plus d’un millier de cas dans 26 autres pays.

La campagne russe rappelle les tentatives du KGB pour faire croire, pendant la Guerre froide, que le VIH était une invention de scientifiques américains.

«Semer la discorde»

«Le but de la Russie est de semer la discorde et d’affaiblir de l’intérieur les institutions des Etats-Unis et leurs alliances, y compris au travers de campagnes souterraines et pernicieuses», a estimé Philip Reeker, sous-secrétaire d’Etat chargé de l’Europe et de l’Eurasie.

Les responsables de la diplomatie américaine chargés de lutter contre la désinformation russe disent que des comptes aux noms de personnes fictives reproduisent des lignes d’attaques russes, non seulement en anglais mais aussi en français, en espagnol, en italien et en allemand.

 

 

Les théories propagées incluent l’idée que le virus a été créé par les Etats-Unis pour «faire une guerre économique à la Chine», que c’est une arme biologique inventée par la CIA, ou encore qu’il fait partie d’une stratégie occidentale de «messages anti-Chine».

Des tweets accusent aussi faussement le cofondateur de Microsoft, Bill Gates, dont la fondation a investi des milliards de dollars dans des programmes de santé internationaux.

Messages recyclés

Les milliers de comptes impliqués étaient surveillés pour s’être ingérés dans diverses crises à travers le monde, de la guerre en Syrie aux manifestations au Chili et en France avec les gilets jaunes.

Ils postent des messages «quasi-identiques» sur le coronavirus, selon un rapport préparé pour le Global Engagement Center du département d’Etat, la cellule de lutte contre les campagnes de désinformation étrangères.

 

 

Contrairement à d’autres sujets où l’activité dure généralement trois jours, les comptes s’activent depuis un mois, selon les responsables américains, signe de l’importance accordée à l’affaire par les Russes.

«C’est typique de la doctrine russe de confrontation informationnelle», explique un responsable. «Le nombre mondial de cas du coronavirus n’a pas atteint son pic, donc la stratégie russe est d’exploiter l’environnement informationnel de façon très peu coûteuse mais très efficace, afin de semer la discorde entre la Chine et nous, ou pour des raisons économiques».

RT et Sputnik

Le département d’Etat fait coïncider le début de la campagne sur internet au 20 janvier, quand les médias contrôlés par l’Etat russe ont commencé à diffuser des articles et interviews anti-occidentaux sur les origines de l’épidémie, notamment RT et Sputnik. Les opérateurs des comptes ont commencé le lendemain.

 

 

«Il est peu probable que ce soit une coïncidence», dit un responsable. «Quand les médias russes ont commencé à sortir ces théories, les comptes russes ont vraiment commencé à les promouvoir mondialement». «Ce ne sont pas des robots, ce sont de vraies personnes derrière un clavier», ajoute le responsable.

«On peut ainsi voir pleinement à l’œuvre leur écosystème de désinformation, incluant des télévisions d’Etat, des sites internet qui leur sont proches et des milliers de fausses identités sur internet qui, tous, poussent les mêmes thèmes», a commenté Lea Gabrielle, qui dirige le Global Engagement Center.

Réponse sanitaire entravée

Washington considère que la désinformation russe nuit à la réponse sanitaire contre le virus, notamment en Afrique et en Asie.

«Ces opérateurs semblent avoir carte blanche pour semer la discorde», dit un responsable du département d’Etat, en affirmant que les trolls russes étaient autonomes et n’agissaient pas forcément sur ordre explicite.

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