Il était 23 h 58 dimanche, dans le village de Crassier endormi. «Allez, on ouvre», lâche le plus âgé des deux gardes-frontières mandatés pour cette mission nocturne. Après l’heure, ce n’est plus l’heure mais dans ce cas-là, procéder avant l’heure ne représentait pas vraiment un problème.
En retirant la première barrière vauban qui entravait tout passage depuis la mi-mars, il marquait ainsi la fin des mesures décidées par le Conseil fédéral – comme la plupart des gouvernements européens – pour limiter la circulation transfrontalière afin de réduire la propagation du coronavirus.
Un chat noir premier à traverser
Les deux hommes étaient arrivés dans cette douane secondaire une vingtaine de minutes plus tôt. En prenant bien garde de ne pas faire de bruit, ils avaient déjà démonté les palissades de plastique rouge et blanche et enroulé la chaîne et les cadenas qui bloquaient une double rangée de vaubans.
Et cinq minutes...