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Economie: les entreprises suisses mieux préparées mais vulnérables face à la 2e vague

Les milieux économiques soulignent que de nombreuses entreprises restent fragiles malgré une meilleure préparation que lors de l’arrivée de la pandémie de coronavirus en Suisse.

23 oct. 2020, 16:08
Un nouveau confinement serait dramatique pour de nombreuses entreprises, selon Economiesuisse (illustration).

Les entreprises suisses ont tiré les leçons de la pandémie et sont mieux préparées à une deuxième vague, mais elles sont nombreuses à demeurer vulnérables au niveau de leurs liquidités et veulent à tout prix éviter toute nouvelle forme de confinement dont les conséquences risquent d’être dramatiques.

Interrogé par AWP, Rudolph Minsch, économiste en chef d’Economiesuisse, estime que la situation actuelle n’est pas comparable à celle de mars, car les entreprises ont mis en place des concepts de protection fonctionnels et sont donc aguerries pour la deuxième vague. Elles savent ce qu’elles peuvent faire pour enrayer la propagation du coronavirus.

L’appel au télétravail est une mesure extrêmement ciblée, car il faut à tout prix éviter un deuxième confinement.
Economiesuisse

Le télétravail est désormais rentré dans les moeurs. De nombreuses sociétés ont adapté leurs processus de manière à ce que leurs employés soient productifs et travaillent en réseau. «L’appel au télétravail est une mesure extrêmement ciblée, car il faut à tout prix éviter un deuxième confinement», avertit Economiesuisse.

Parallèlement il faut absolument que les écoles, en particulier les jardins d’enfants et les écoles primaires restent ouvertes. Le télétravail et l’enseignement en ligne depuis la maison se gênent l’un l’autre et représentent la plupart du temps une difficulté supplémentaire pour les familiales.

Nous avons constaté que plusieurs entreprises se sont adaptées très rapidement
Rudolph Minsch, économiste en chef d’Economiesuisse

Les changements n’ont pas été uniquement réalisés au niveau du télétravail. «Nous avons constaté que plusieurs entreprises se sont adaptées très rapidement, ont affiné leurs processus, ont mis au point de nouveaux canaux de vente et ont lancé de nouveaux produits», révèle l’économiste en chef.

Mais avec l’arrivée de la deuxième vague, de très mauvaises surprises émergeront sur le plan économique dans toute l’Europe, avertit Martin Neff, économiste en chef de Raiffeisen. «La prestation économique de la Suisse au 4ème trimestre devrait à nouveau se contracter. La reprise prend beaucoup plus de temps à se mettre en place que ce que plusieurs experts avaient anticipé», a-t-il dit au quotidien alémanique Blick.

Problèmes de liquidités à long terme

Si lors du premier confinement de nombreuses entreprises ont dû faire face à des problèmes de liquidités à court terme, elles sont désormais confrontées à des difficultés de paiement à plus longue échéance.

En effet, les prêts d’urgence liés au Covid 19 sont souvent déjà épuisés et le crédit privé est plus difficile à obtenir, surtout dans les secteurs à faible marge bénéficiaire. Les fonds propres des entreprises fondent de jour en jour, ce qui est parfois synonyme de problèmes de solvabilité.

Notre modèle d’affaires n’est pas remis en question. Dans certains domaines comme la billetterie pour les skis, nous prévoyons même une hausse substantielle des ventes en ligne.
Porte-parole de Ticketcorner

Les entreprises avec des coûts fixes élevés sont particulièrement touchées par ces problèmes, car elles ne peuvent métamorphoser que lentement leur modèle d’affaire, déplore Economiesuisse, qui calcule que ce risque concerne en moyenne près de 5% des sociétés. Une moyenne qui se situe à un niveau bien plus élevé dans les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie et de l’industrie des machines (5% à 15%).

Aucun chiffre n’est disponible pour les secteurs de l’événementiel et du voyage, mais le problème risque d’être important là aussi. «Notre secteur s’est déjà trouvé dans une situation extraordinaire depuis le déclenchement de la pandémie en mars et s’est préparé en conséquence» a indiqué à AWP le porte-parole de Ticketcorner.

«Notre modèle d’affaires n’est pas remis en question. Dans certains domaines comme la billetterie pour les skis, nous prévoyons même une hausse substantielle des ventes en ligne», a-t-il poursuivi.

Hôtellerie et culture fragiles

Hotelplan a pour sa part dû procéder à l’annulation de voyages pour plus d’un milliard de francs. Le groupe enregistrera des pertes sur ses ventes de plusieurs centaines de millions de francs, a souligné une porte-parole, interrogée par AWP. Le tour-opérateur, détenu par Migros, a publié un nouveau règlement plus flexible pour le télétravail.

Pour le concurrent, TUI Suisse, le télétravail faisait déjà partie de la culture d’entreprise même avant la crise, a affirmé une porte-parole.

La faîtière des exploitants de cinéma Procinema s’est déclarée «très inquiète», notamment avec la fermeture décrétée des salles obscures au Valais. Une extension de cette mesure à tout le pays aurait «des conséquences économiques dramatiques» pour les exploitants, a-t-elle averti dans un communiqué.

Selon la dernière étude du cabinet de conseils et d’études Deloitte, les défauts de paiement ou de crédit font pour la première fois irruption dans le recensement trimestriel des principales préoccupations des responsables financiers (CFO) d’entreprises en Suisse.

La crainte principale demeure la pandémie en tant que telle, suivie par l’érosion de la demande qu’elle induit et les problèmes internes à l’entreprise.

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