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Italie: les autorités réquisitionnent des hôtels pour y mettre des patients atteints du Covid-19

Pour désengorger les hôpitaux, les autorités italiennes réquisitionnent des hôtels vidés par la crise. L’objectif est de placer des patients présentant peu de symptômes mais nécessitant un suivi médical. Les exploitants reçoivent une indemnité.

18 nov. 2020, 00:01
/ Màj. le 18 nov. 2020 à 06:57
A room of a hotel gets cleaned to welcome patients recovering from COVID-19 who need to undergo quarantine, under the supervision of the Gemelli hospital, in Rome, Saturday, Nov. 14, 2020. (Cecilia Fabiano/LaPresse via AP)

Avec la deuxième vague de Covid-19, les hôpitaux italiens sont à nouveau submergés et les lits manquent cruellement. Mais pas dans les départements de soins intensifs, souligne le professeur Franco Locatelli, président du Conseil supérieur de la santé. Selon les derniers indicateurs, l’Italie a franchi la barre du million de cas et en ce début de semaine, le taux d’incidence est estimé à 17,4%. Soit 17 patients détectés positifs sur 100 personnes testées. Enfin, 32 047 malades sont hospitalisés, dont 3422 en soins intensifs, contre 23 290 placés à l’isolement à domicile.

Pour désengorger le réseau hospitalier, un accord a été signé entre la fédération hôtelière et les autorités sanitaires. Objectif: placer les patients présentant peu ou pas de symptômes, qui doivent observer une quarantaine sans contaminer leur famille et nécessitent un suivi médical, dans les hôtels sélectionnés par les autorités sanitaires régionales. Les exploitants adhérant à ce programme perçoivent une indemnité journalière allant de 40 à 83 euros par chambre selon la catégorie de l’établissement. La facture, prise en charge par les autorités sanitaires régionales, englobe les coûts liés au séjour des patients et à leur suivi médical ainsi que l’installation des services de base, comme la désinfection des lieux.

Une bouffée d’oxygène

Ce système ingénieux permet aussi d’offrir une bouffée d’oxygène à un secteur frappé de plein fouet par les conséquences économiques de la crise sanitaire. «Nous avons sélectionné treize structures dans tout le Latium et nous avons une capacité d’accueil alternative au réseau hospitalier de quelque 800 lits», explique le Dr Simona Amato, cadre du Département santé de la région du Latium.

 

 

Depuis la signature de cet accord, l’hôtel Sheraton, qui a planté ses drapeaux aux portes de Rome, héberge plus de 90 patients, dont une dizaine placée sous oxygénothérapie à bas débit. Dans le grand salon situé au rez-de-chaussée et transformé en cabinet médical, une équipe désinfecte des instruments, quelques stéthoscopes et oxymètres, des thermomètres digitaux. Ici, la vie au quotidien des patients est réglée comme du papier à musique: contrôle médical deux fois par jour avec prise de la température corporelle, visite pneumologique et cardiologique.

Pour éviter les contacts, des produits de nettoyage sont remis à chaque «hôte», qui doit faire son propre ménage. Les draps sont changés tous les deux jours et les serviettes, tous les jours. Le linge sale est placé dans des sacs hermétiques puis expédié à la désinfection. Pour le reste, ce n’est pas le Club Med. En revanche, les patients bénéficient de tous les services offerts par l’hôtel, comme le wi-fi, la télévision satellitaire, des chambres spacieuses avec salles de bains et frigo-bar. Les repas, servis dans des sacs avec des couverts en plastique, sont préparés trois fois par jour par deux chefs.

«Comme en prison»

Mais pour certains patients, la solution de l’hospitalisation dans une structure hôtelière peut s’avérer compliquée. «Les patients n’ont aucun contact avec le reste du monde sauf pendant les examens médicaux de routine. On est face à soi, comme en prison, c’est dur», confie Gabriella Ricciardi. Hospitalisée au Sheraton pendant plus d’une semaine, cette rescapée du Covid-19 a compté 21 pas entre la fenêtre et la porte de sa chambre. «Pour ne pas me perdre, je faisais 42 pas tous les jours, cela m’a beaucoup aidée. Il faut être très structuré sur le plan psychologique pour résister à la solitude extrême.»

Les patients n’ont aucun contact avec le reste du monde sauf pendant les examens médicaux de routine. On est face à soi, comme en prison, c’est dur
Gabriella Ricciardi, patiente au Sheraton.

Alors que le pic de la deuxième vague est attendu en fin de semaine et que la communauté scientifique prédit l’arrivée d’une troisième vague en janvier, les autorités sanitaires veulent renforcer le réseau des hôtels Covid-19. «En l’état, nous avons réquisitionné 15 000 lits à l’échelle nationale, il nous en faut au moins 20 000 autres», estime Francesco Boccia, ministre des Affaires régionales. Des appels d’offres ont déjà été lancés dans tout le pays.

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