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Le quotidien d’un prof à la maison: "L'important c'est que les élèves ne soient pas largués."

Les écoles du pays fermées, les cours se poursuivent à distance. Tout comme leurs élèves, les enseignants ont dû adapter leur quotidien. Professeur de français, latin et histoire, le Nyonnais David Lugeon a évoqué pour nous cette situation extraordinaire.

08 avr. 2020, 21:00
Pour David Lugeon, la transmission du savoir se fait désormais presque exclusivement par le biais d'un ordinateur.

Le 13 mars dernier, la lutte contre le coronavirus Covid-19 a incité le Conseil fédéral à prendre des mesures d’une ampleur inédite depuis la 2e Guerre mondiale. L’une d’elles, la fermeture des écoles, a fondamentalement changé le quotidien de milliers d’enfants et de leurs professeurs, qui ont dû rapidement assimiler les codes d’un système inédit pour eux tous: l’enseignement à distance.

Nouvelles consignes, nouveaux outils. Comme nombre de ses collègues à travers le pays, le Nyonnais David Lugeon, qui enseigne le français, le latin et l’histoire au sein de l’Etablissement primaire et secondaire de Genolier, a dû s’adapter à ce cadre exceptionnel pour pouvoir poursuivre sa tâche éducative.

Que ce soit techniquement ou humainement, le contact direct avec mes élèves me manque.
David Lugeon enseignant

«Nous disposons pour nous aider de la plateforme TeamUp, qui permet d’organiser les tâches et de transmettre des documents et des consignes aux élèves. C’est l’instrument de base» confie le quadragénaire, qui a, en revanche, renoncé à faire usage de l’application de vidéoconférence Zoom. «J’ai fait ce choix car des questions se posent sur la gestion des données et du piratage. On communique donc par courriel et téléphone et ça se passe très bien» confie-t-il.

Inculquant principalement ses connaissances à des écoliers de 13 à 16 ans et maître principal d’une classe de 11e année, le Vaudois a été en mesure de transposer une bonne partie de sa routine au télétravail. Répondre aux questions qui lui sont posées par e-mail, s’assurer que, pour les activités les plus urgentes, le matériel nécessaire soit disponible, corrections, telles sont ses principales tâches quotidiennes. «Avec des élèves de ces âges-là, c’est plus simple. On peut leur dire: il faut faire ça, ça et ça. Et ça suit. Les parents ne doivent pas trop être derrière.»

«Sortir de leur carcan»

David Lugeon n’a toutefois pas tardé à se retrouver confronté aux aspects négatifs du travail à distance. «On repère plus facilement en classe un élève qui aurait de la peine à suivre. Je demande donc des retours à mes élèves, ce qui me permet de savoir ce qui est maîtrisé et ce qui ne l’est pas. Et avec la correction des travaux, je peux individualiser le suivi. L’important, c’est qu’ils ne soient pas largués.»

Heureusement, cette nouvelle expérience pédagogique recèle également de bonnes surprises. Ainsi, s’il a constaté que les écoliers qui le sollicitent le plus sont les mêmes qu’en classe, le Nyonnais a en revanche remarqué un changement de comportement du côté des éléments les plus timides. «C’est vraiment intéressant. Le fait qu’il n’y ait pas les autres autour leur permet de sortir de leur carcan. Ils viennent plus vers moi et ils s’impliquent plus» se réjouit-il.

Le temps bouleversé

S’il estime avoir aujourd’hui trouvé un rythme, l’enseignant lémanique ne cache pas que le temps est, pour lui, la notion qui a été la plus bouleversée par les événements. «Les horaires ont pratiquement disparu. Avec mon épouse, qui occupe un poste à responsabilités dans une assurance de protection juridique, on doit jongler entre nos jobs et nos deux filles, qui ont 10 mois et 3 ans. On fonctionne pratiquement 24h/24…»

Compte tenu de ce contexte, il a adopté un rythme de travail particulier, avec des journées de treize heures du samedi au lundi – les périodes où sa conjointe ne travaille pas –, les jours suivants étant plutôt consacrés au suivi. «Quand l’un s’occupe des enfants, l’autre bosse. On est donc relativement fatigués… Mais on n’est pas malheureux pour autant car on arrive à partager des moments très sympas, notamment lors des repas. Ce sont les seuls moments où on arrive à être tous ensemble» sourit-il

Alors que les vacances de Pâques constitueront une bouffée d’oxygène bienvenue, David Lugeon espère surtout que l’expérience, aussi intéressante soit-elle d’un point de vue sociologique, ne durera pas trop longtemps. «Jusqu’ici, j’ai l’impression d’avoir fait le job. Mais que ce soit techniquement et humainement, le contact avec mes élèves me manque. Et de leur côté, certains me disent qu’ils ont très envie de me revoir avant la fin de l’année. Cela me touche beaucoup.»

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