Un mal qui répand la terreur/Mal que le ciel en sa fureur/Inventa pour punir les crimes de la terre/La peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom/Faisait aux animaux la guerre.
«Les animaux malades de la peste» représente le souvenir le plus angoissant de mes années scolaires. Je bafouillais cette fable, debout devant le tableau noir.
Le lion tint conseil et dit : / Que le plus coupable de nous / Se sacrifie aux traits du céleste courroux. / Peut-être obtiendra-t-il la guérison commune.
Je vous passe la version du loup, qui dévora quelques brebis, plus un ou deux bergers et la position du renard flatteur qui l’absout de ses péchés.
L’âne vint à son tour et dit : / Je tondis de ce pré la largeur de ma langue. / Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net. / A ces mots, on cria haro sur le baudet. / Il fallait dévouer ce maudit animal / Ce pelé, ce galeux d’où venait tout le mal.
Moralité : remplacez le mot «peste» par coronavirus, «loup» par président et «âne» par pangolin. Trois cents cinquante ans plus tard, rien n’a vraiment changé en ce bas monde.
Jean-Robert Probst