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Rassemblement limité, responsabilisation ou télétravail… comment la Suède fait face au coronavirus

Alors que de nombreux pays européens connaissent une recrudescence de nouveaux cas, leur nombre est au plus bas depuis mars en Suède. Pourtant, le pays scandinave affiche un lourd bilan des victimes et reste très critiqué pour ne pas avoir confiné sa population au printemps. On fait le point en 3 questions.

17 sept. 2020, 12:21
En juin dernier, à Malmö, un panneau d'information rappelait aux gens de maintenir une distance physique. (Archives)

Au printemps dernier, la Suède a choisi de ne pas confiner sa population. Bars, restos ou écoles pour les moins de 16 ans n’ont jamais été fermés. Depuis, le pays nordique est souvent pris en modèle ou en contre-exemple sur les réseaux sociaux. Décryptage en 3 questions.

Quelle est la situation actuelle en Suède?

Elle est calme. Depuis plusieurs semaines, le nombre de nouveaux cas reste stable et il n’y a pas de signe qui indique une reprise de la pandémie. Le taux de reproduction – le «R» – est presque toujours inférieur à 1 depuis le début du mois de juillet. La Suède avait pourtant en juin l’un des taux d’incidence les plus élevés au monde.

Les conseils de l’agence de santé publique ont été très bien suivis par la population.
Anders Technell, l’épidémiologiste en chef de la Suède

«La baisse des cas est en partie due au fait que les conseils de l’agence de santé publique ont été très bien suivis par la population», a déclaré ce jeudi Anders Technell, l’épidémiologiste qui a mis en place la stratégie de la Suède contre le virus, au Devoir. «Depuis le début, ces recommandations ont toujours été les mêmes.» A savoir distanciation physique, application stricte des règles d’hygiène et isolement en cas de symptôme. 

D’après un récent sondage mené par l’Agence de la protection civile, cité par Le Monde, près de 3 Suédois sur 4 font confiance aux autorités sanitaires.

Mais alors, tout y est permis?

Non. Les rassemblements de plus de 50 personnes sont par exemple encore interdits. Même pour regarder un film au cinéma ou pour assister à une cérémonie de remise de diplôme, relève le journal français 20 minutes. Le gouvernement encourage aussi les personnes de plus de 70 ans à rester chez elles et recommande le télétravail à tous ceux qui peuvent le faire jusqu’à 2021 au moins. Des collégiens continuent aussi les cours à distance.

Mais, globalement, il y a très peu de restrictions. Depuis le 15 septembre, les Suédois peuvent même à nouveau rendre visite – de manière très encadrée – aux personnes âgées placées dans les EMS, rapporte Le Monde. Et, contrairement à la plupart des pays européens, les masques ne sont pas obligatoires (et même pas recommandés) dans le pays, à l’intérieur comme à l’extérieur. La rentrée des classes s’est par exemple faite sans. Seule la compagnie aérienne Scandinavian Airlines l’impose.

Pourquoi le port du masque n’est pas obligatoire? Pour l’épidémiologiste Anders Tegnell, rien ne prouve que sa généralisation dans la société ait un effet sur la propagation du virus, explique le quotidien suédois Dagens Nyheter, relayé par le Courrier international. Selon lui, le masque aurait surtout une fonction symbolique.

Pourquoi la Suède est-elle critiquée?

La Suède a été très critiquée pour la gestion de la pandémie. Mais, contrairement à une idée répandue, l’immunité collective n’a jamais été une stratégie, ni une fin en soi en Suède, explique Le Monde. Le pays est d’ailleurs encore bien loin d’attendre les 60-70% du taux estimé par l’Organisation mondiale de la santé. Selon les estimations officielles, près d’1 habitant de certains quartiers de Stockholm sur 5 aurait développé des anticorps, note RTL. La capitale est la ville suédoise la plus touchée par le Covid-19.

A lire aussi : Suède: le confinement participatif, une stratégie risquée

Une partie de la population critique le gouvernement d’avoir laissé mourir les personnes âgées, rapporte France24. Près de la moitié des victimes du Covid-19 en Suède sont des résidents de maison de retraites. «Les autorités suédoises avaient tellement peur que les services de réanimation soient saturés, qu’ils ne puissent pas sauver des jeunes qui étaient gravement malades», a expliqué Anders Vahlne, virologue à l’institut Karolinska, basée à Stockholm, à France24

Les autorités suédoises avaient tellement peur que les services de réanimation soient saturés.
Anders Vahlne, virologue à l’institut Karolinska

Au total, 5860 personnes sont décédées du coronavirus en Suède, selon les derniers chiffres de l’Université Johns Hopkins. Avec une moyenne de 58 décès pour 100’000 habitants, le pays est le 11e le plus touché au monde. Le bilan est d’ailleurs bien pire que ses voisins nordiques, qui ont opté pour le semi-confinement: 5 fois plus de morts qu’au Danemark, 10 fois plus de morts qu’en Finlande et en Norvège.

Anders Tegnell avait néanmoins défendu la décision de ne pas imposer de confinement, tout en admettant les faiblesses de sa méthode. «Si nous devions rencontrer la même maladie avec tout ce que nous savons sur elle aujourd’hui, je pense que nous finirions par mettre en place quelque chose à la croisée entre ce que la Suède et le reste du monde ont fait», avait déclaré l’épidémiologiste en juin sur les ondes de la radio publique suédoise.

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