Le polar lillois, véritable affaire d'état (jamais dos n'avait suscité autant d'émoi), approche de l'épi logue. Du moins pour sa pre mière partie, celle mêlant spécula tions, stratagème, atermoiement, ap parition divine et drame. Tout suspense, quant au réel état de santé de Federer, ne peut toutefois être écarté. Mais dès 14h ce vendredi, ce thriller "davisien" au scénario hitchcockien retrouvera le décor qui est le sien: le terrain, place des grands hommes.
Vingt-quatre heures aupara vant, jeudi, place du Théâtre, au cen tre-ville. Fin de la première attente. A son arrivée, les flashs crépitent, lui salue la foule. L'effervescence, sur les marches de la Chambre du Commerce et de l'Industrie du Grand Lille, puis le faste du ti rage au sort, sous la majestueuse ver rière. L'objet de toutes les con voitises, ce Saladier d'argent centenaire, trône sur l'estrade. Roger Federer s'en approche, pose pour la photo, en espérant le soulever au terme du week-end. La France l'a déjà fait (neuf fois), la Suisse jamais. Et quand on sait à quel point l'homme adore et joue pour marquer l'histoire...
"On verra lors du match"
Le récit, d'abord très noir en début de semaine, n'a pas réservé de surprise. Federer sera bien titularisé pour le premier jour de la finale de la Coupe Davis. Logique, l'annonce n'évacue pas tous les doutes. Le Bâlois se présentera-t-il à 100% au moment de dé fier Gaël Monfils? " On verra, seul le match apportera toutes les réponses. Je vais essayer, je suis content de pouvoir jouer ", rétorque le Bâlois. Le n°2 mondial sort de plusieurs jours difficiles. Il confie avoir désormais quitté le côté obscur de la force. " Jusqu'à lundi, j'étais négatif, dorénavant je me retrouve du côté positif. "
Ses soucis lui ont tourné le dos? Délicat de l'affirmer, sans être dans le secret du dieu. Roger Federer compose avec depuis ses années juniors. Il connaît son corps dans ses moindres recoins. Il lui fait confiance. " Je ne me blesse que ra rement, et ce pépin est survenu par hasard, alors que j'étais bien toute l'année. "
Une interrogation plane. Prend-il un risque en jouant? " Si le risque était énorme pour le reste de ma vie, je ne jouerai pas ", coupe-t-il. S'alignerait-il si ce n'était pas une finale de Coupe Davis, sa première? Le Bâlois reste évasif. A-t-il eu recours à une injection de cortisone, bien qu'il ne soit pas amateur du procédé? " Je ne vous le dirai pas, mais merci de me poser la question ."
Monfils: "Si Roger joue, c'est qu'il est à 100%"
Chaque capitaine peut changer son alignement jusqu'à une heure avant le match. Le règlement de l'ITF permet, sous certificat médical, d'être titularisé puis retiré le vendredi, tout en jouant le sa medi et/ou le dimanche . Mais les signaux envoyés par Federer lui-même s'avèrent plus que positifs. Jeudi matin, il a tapé en compagnie de Stan Wawrinka. Plus mobile, lâchant ses coups, il arborait un visage plus rassurant que la veille. " L'idée était de prendre encore des informations avant le tirage au sort , lâche le Bâ lois. Toute la question était de savoir si j'allais jouer vendredi. Nous avons pensé que si je continuais de m'améliorer ainsi, je le pouvais. Autrement, nous aurions changé de tactique. Je suis très soulagé ."
Alors, quel Federer face à Gaël Monfils? Le Parisien établi à Trélex s'en moque. " Si Roger monte sur le court, c'est qu'il est à 100% et qu'il se sent capable de me battre , balaie "La Monf". Il ne faut pas avoir l'impression qu'il va mal jouer. Il s'est reposé trois jours après avoir évolué à son meilleur niveau, et on a tous de petits bobos ."