Les candidats à l'investiture présidentielle de la droite ont confronté jeudi soir leurs programmes et leurs tempéraments lors du premier débat de la primaire. Affaires judiciaires et inimitiés tenaces ont brouillé l'enjeu malgré leurs efforts pour éviter le pugilat.
Alain Juppé, favori des sondages, et Nicolas Sarkozy, pour qui il devient urgent d'enrayer une dynamique défavorable, ont décliné une partition connue.
Je refuse de rentrer dans le débat sur l'identité heureuse/malheureuse : notre vrai combat est pour la culture française ! #PrimaireLeDébat pic.twitter.com/Ntzi2sT3nI
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) 13 octobre 2016
Le maire de Bordeaux et ancien Premier ministre (1995-1997) a plaidé pour un "Etat fort" à même de remettre la France sur la voie du "plein-emploi" et de l'"optimisme". L'ancien président (2007-2012) défend lui "une France de l'action" succédant à "la France du bavardage" dans une "alternance forte, énergique, immédiate, concrète" au service de "la majorité silencieuse".
Dans ces deux registres éprouvés, les deux hommes se sont neutralisés. Alain Juppé a stratégiquement opté pour une prudente réserve, Nicolas Sarkozy, crispé tout au long de l'exercice, pour un volontarisme rappelant les campagnes de 2007 et 2012.
#PrimaireLeDebat La gauche raille "la naphtaline" et la "vieille droite" https://t.co/og1K0fOPN7 #AFP
— Agence France-Presse (@afpfr) 14 octobre 2016
Outsiders au rendez-vous
Ce sont les "outsiders" qui ont ménagé surprise et intérêt, notamment le plus méconnu d'entre eux, le président du Parti chrétien-démocrate Jean-Frédéric Poisson. Crédité de 0,5% à 2% dans les sondages, il a marqué sans complexe ses différences, sur le revenu universel, la laïcité ou les fichés S.
La seule candidate, Nathalie Kosciusko-Morizet ancienne ministre de l'Ecologie de Nicolas Sarkozy, a invité les électeurs à refuser la "nostalgie": "Le recyclage, ça marche pour les déchets, pas pour les idées".
"Passez à autre chose", a déclaré pour sa part l'ancien ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire qui s'est efforcé difficilement de déclarer hors-jeu "le clan des redoublants". "Si vous voulez continuer comme avant, vous avez tout ce qu'il faut sur ce plateau", a-t-il lancé en préambule, à quelque distance des pupitres d'Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.
"On a gouverné ensemble pendant cinq ans", leur a rappelé l'ancien président au début des échanges. François Fillon, ancien Premier ministre (2007-2012) a quant à lui promis d'être "le président de l'action et le président de l'honnêteté pour que les Français retrouvent la fierté dans leurs dirigeants", sans préciser de qui il faisait le portrait en creux.
Nicolas Sarkozy : "Après 37 ans de vie politique, mon casier judiciaire est vierge." #PrimaireLeDebat pic.twitter.com/TpU4NltTyK
— NouS les jeunes 95 (@nouslesjeunes95) 13 octobre 2016
Copé offensif
La palme de l'offensive, au risque parfois de l'agressivité, revient à Jean-François Copé, crédité de 2% dans les sondages les plus flatteurs. Il a joué son va-tout en décochant plusieurs traits à Nicolas Sarkozy, à sa droite, auquel il ne pardonne pas de l'avoir mis en cause dans l'affaire Bygmalion.
D'emblée, le député-maire de Meaux, qui dirigea la majorité à l'Assemblée sous Nicolas Sarkozy, s'en est pris à celui-ci en l'accusant de ne pas avoir honoré ses engagements. "Il y a dix ans, en 2007, j'avais comme des millions de Français espéré en la rupture que proposait Nicolas Sarkozy pour notre pays (...). Cette rupture, malheureusement on l'a pas faite", a-t-il lancé.
Le débat a porté sur les thèmes de l'immigration et de la sécurité, ainsi que les questions économiques.