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Pas folle la bête: des champignons pour la forêt

Retrouvez la chronique du directeur du parc animalier de La Garenne.

20 sept. 2019, 13:00
Michel Gauthier-Clerc, directeur du zoo de la Garenne.

Nous sommes à l’époque de la pousse de nombreuses espèces de champignons, même si à nouveau, cette année, l’absence d’humidité leur pose beaucoup de problèmes. Ce que nous désignons par «champignon» n’est en fait que la partie visible et que l’on peut consommer, pour certaines espèces. Il s’agit de l’appareil de reproduction du champignon qui contient les spores lui permettant de se disperser.

La plus grande partie du champignon se situe sous terre, sous forme de filaments qui peuvent recouvrir parfois plusieurs mètres carrés. Cette partie non visible des champignons forme un réseau gigantesque sous terre que l’on a du mal à imaginer. La forêt peut être vue comme l’habitat des champignons, mais elle ne pourrait en réalité pas exister sans ce réseau filamenteux.

Sur terre, plus de 90% des espèces végétales sont associées étroitement à des champignons pour vivre. Ces derniers entourent ou pénètrent les racines des végétaux. Le champignon fournit eau, azote et minéraux à la plante, qui lui fournit en retour des sucres et des lipides.

Cette association offre aussi aux plantes une meilleure protection contre les maladies. Sous le sol, cet entrelacs filamenteux fonctionne aussi comme un vaste réseau de communication chimique entre les plantes. Une vie partagée aux bénéfices mutuels – meilleure nutrition et renforcement de la santé – dure depuis des centaines de millions d’années. Les scientifiques pensent que cette association aurait permis à des plantes aquatiques de conquérir le milieu terrestre, grâce à l’apport en nutriment issu des champignons.

Cette connaissance pointe la fragilité des sols. Nos modes de culture se sont tournés vers l’apport artificiel d’azote, le retournement des sols qui casse le réseau filamenteux et l’enterre en profondeur hors d’atteinte des racines. A cela s’ajoute l’usage de pesticides qui éliminent les champignons. Mais des recherches agronomiques s’orientent de plus en plus vers le développement de nouvelles pratiques agricoles, permettant de valoriser cette association plante-champignon.

Michel Gauthier-Clerc, directeur de La Garenne

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