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Pas folle la bête: l’Azuré du serpolet

"Pas folle la bête: la chronique de Michel Gauthier-clerc, directeur du zoo de la Garenne.

17 août 2018, 15:00
Michel Gauthier-Clerc, directeur du zoo de la Garenne.

Le mois de juillet est un mois idéal pour observer la grande diversité des papillons qui arborent de multiples couleurs. Pas moins d’une vingtaine d’espèces dans notre région ont des ailes bleues: les Azurés. Parmi eux, l’Azuré du serpolet présente un cycle de vie remarquable car il est dépendant de fourmis du genre Myrmica.

Son habitat de choix doit présenter sur quelques mètres carrés, à la fois une fourmilière et du thym ou de l’origan. La femelle du papillon pond ses œufs sur la plante. La chenille se développe plusieurs semaines sur la plante, puis tombe au sol. La chenille produit des gouttes sucrées de miellat dont raffolent les fourmis. Ces dernières ramènent la chenille dans leur fourmilière où elle passe l’hiver.

Elle y devient alors carnivore en se nourrissant des œufs et larves de fourmis. Au printemps suivant, un Azuré du serpolet sort de la fourmilière. Dans toute l’Europe, il est en diminution. Au Royaume-Uni, l’Azuré du serpolet a fini par disparaître en raison d’un enchaînement d’événements.

Effets en cascade

Le virus américain de la myxomatose, volontairement introduit, a entraîné l’effondrement des populations de lapins de Garenne. Suite à la disparition progressive du pâturage au 20e siècle, ces derniers étaient les derniers remparts contre la prolifération des herbes hautes, milieu que n’affectionnent pas les fourmis Myrmica sabuleti.

Résultat en bout de chaîne: la chenille ne peut plus croître, faute de fourmilière. Récapitulons: la disparition du pâturage, puis du lapin, couplée à la raréfaction des pelouses et au développement des herbes hautes, a entraîné la disparition des fourmis Myrmica, et conséquemment de l’Azuré du serpolet. Il s’agit d’un cas d’école des effets en cascade que génère la modification d’interactions complexes et millénaires.

S’il est encore présent dans notre région, l’Azuré du serpolet est menacé par l’abandon des pâturages et la fermeture des paysages, l’utilisation des pesticides, la destruction des fourmilières ou encore une fauche trop précoce.

Michel Gauthier-Clerc, directeur du zoo de la Garenne
 

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