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Pas folle la bête: la méconnue souris des moissons

Retrouvez la chronique du directeur du parc animalier de la Garenne.

22 mars 2019, 08:16
Michel Gauthier-Clerc, directeur du zoo de la Garenne.

Nous sommes entourés de rongeurs dont on ne détecte souvent la présence que lorsqu’ils débordent sur nos plates-bandes: le campagnol terrestre creusant des galeries dans le potager pour en déguster les racines ou tubercules; le mulot à collier venant parfois se reproduire en nombre dans la maison; ou le rat brun qui se fait voir en ville lorsque sa population devient trop nombreuse dans les sous-sols.

Beaucoup d’espèces fréquentent peu l’habitat humain et ne sont connues que des naturalistes qui les recherchent. C’est le cas de la souris des moissons, au pelage d’une jolie couleur rousse. Elle s’est fortement raréfiée durant les décennies passées, surtout en raison de la régression des zones humides et de la transformation des pratiques agricoles, devenues plus intensives.

Elle se maintient en Suisse principalement dans deux foyers: la région de Bâle et la réserve de la Grande Cariçaie à la pointe sud du lac de Neuchâtel. Sa discrétion rend cependant son observation difficile. Comme les rats, elle est venue d’Asie. Pendant des siècles, les rats se sont invités sur les bateaux des humains et les ont accompagnés lors des échanges commerciaux ou des conquêtes guerrières.

Talents de grimpeuse

La souris des moissons est arrivée naturellement en Europe depuis l’Asie de l’Est il y a environ 80 000 ans. Par comparaison, Homo sapiens serait arrivé en Europe il y a environ 45 000 ans, croisant alors les Néandertaliens. La souris des moissons est l’un des plus petits mammifères d’Europe avec un poids ne dépassant pas les 7 grammes. Elle ne dispose pas de la capacité d’hiberner et a une fréquence cardiaque très élevée, qui peut dépasser les 1000 battements par minute. Ceci l’oblige à trouver de grandes quantités de nourriture, nuit et jour, pour assurer sa survie, même en hiver.

Parmi les adaptations qui font son originalité, elle est le seul mammifère européen capable de s’agripper par la queue grâce à un mécanisme de verrouillage des tendons. Ses talents de grimpeuse lui permettent de vivre dans les hautes herbes, les champs de céréales ou les roseaux dans lesquels elle construit son nid en forme de boule.

Michel Gauthier-Clerc, directeur de La Garenne

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