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Pas folle la bête: la régénération

Retrouvez la chronique de Michel Gauthier-Clerc, directeur du parc animalier de La Garenne.

22 févr. 2019, 11:30
Michel Gauthier-Clerc, directeur du zoo de la Garenne.

La Salamandre tachetée est répandue dans notre région dans les bois humides où elle se cache en journée sous les pierres ou les souches. Elle a la particularité extraordinaire et très rare chez les vertébrés de pouvoir régénérer entièrement une patte ou son museau après qu’ils aient été endommagés. Des scientifiques essaient, pour l’instant sans succès, d’élucider le mécanisme car il pourrait avoir des applications en médecine humaine.

Dès 1712, le naturaliste de Réaumur avait démontré la capacité chez des invertébrés, crabes et homards, de régénérer un membre sectionné. Plus extraordinaire encore fut la découverte de la possibilité de générer un individu à partir d’un autre individu. Naturaliste intéressé par les insectes, le Genevois Charles Bonnet travailla sur la reproduction des pucerons. L’expérimentation de Bonnet en 1740 consista à placer des femelles de pucerons sous cloche, de les faire pondre et d’en récupérer les larves pour éviter toute éventuelle fécondation entre la femelle puceron et sa larve. Il continua cette expérience pendant des mois en mettant les générations de femelles suivantes sous cloche.

Il démontra ainsi que les femelles de pucerons étaient capables de se reproduire sans l’intervention d’un mâle pour une fécondation, processus de reproduction que l’on nomma parthénogenèse. Bonnet publia ses résultats en 1743 en même temps qu’un autre Genevois Abraham Trembley. Ce dernier étudia des polypes d’eau douce. Il constata qu’il s’agissait d’animaux avec des tentacules capables de capturer d’autres petits animaux. Trembley démontra qu’un polype coupé en deux donnait naissance à deux nouveaux polypes.

Après Trembley, Bonnet démontra en 1745 chez les vers d’eau douce leur capacité à générer de nouveaux individus après avoir été coupés jusqu’en dix parties. Majeures, les découvertes des deux Genevois mettaient à mal la grande règle de la reproduction considérée à l’époque comme universelle, c’est-à-dire qu’il fallait deux individus de sexe opposé pour donner un nouvel individu.

Michel Gauthier-Clerc, directeur du parc animalier de La Garenne

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