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Pas folle la bête: peste et faune sauvage

Retrouvez la chronique de Michel Gauthier-Clerc, directeur du parc animalier de La Garenne.

01 nov. 2018, 16:39
Michel Gauthier-Clerc, directeur du zoo de la Garenne.

Alexandre Yersin est né en 1863 à La Vaux, à Aubonne, avant de résider à Morges durant son enfance. Après des études en Allemagne, il rejoint l’Institut Pasteur, tout nouvellement inauguré en 1888 à Paris, puis part en mission en Chine dès 1890. Alors que la peste ravage le Yunnan, il parvient à découvrir une particule responsable de la maladie, une bactérie plus tard nommée Yersinia pestis.

La peste tient une grande place dans notre imaginaire du fait des vagues de mortalité humaine qu’elle a provoquées. Un quart de la population méditerranéenne serait mort entre les VIe et VIIIe siècles. La peste noire au XIVe siècle aurait provoqué la mort de plus de 20 millions d’Européens. Ces grandes épidémies historiques de peste l’ont fait percevoir comme une maladie humaine. La peste est en réalité d’abord présente chez des animaux sauvages, qui en sont les réservoirs naturels.

La peste noire a débuté en Asie centrale dans les années 1330 où la bactérie vit en permanence chez des rongeurs sauvages, les grandes gerbilles, et se transmet par leurs puces. La peste a ensuite atteint la mer Noire puis l’Europe en 1347 via les rats noirs et leurs puces accompagnant les marchands d’Asie centrale. Dans le canton de Vaud, la peste a encore sévi jusqu’au milieu du XVIIe siècle.

 

La peste est en réalité d’abord présente chez des animaux sauvages.

Bien que le bacille nous paraisse appartenir au passé, il reste présent de façon naturelle sur une grande partie de la planète chez des petits rongeurs, comme les spermophiles aux Etats-Unis, et il est impossible de l’éradiquer. Par ailleurs, les cas humains sont en augmentation depuis les années 1980, notamment en Afrique, à Madagascar, en Tanzanie et au Congo. Plus proche de nous, Oran en Algérie a vécu une épidémie en 2003.

La découverte de la bactérie par le suisse Alexandre Yersin, couplée aux antibiotiques développés au milieu du XXe siècle, ainsi que l’expérience de l’OMS, permettent désormais de contrôler cette maladie. Si des cas survenaient en Europe, le risque le plus grand serait sûrement la réaction de panique des populations, comme cela s’est produit en Inde en 1994, lorsque l’imaginaire historique de la maladie l’avait emporté sur l’état réel de sa diffusion.

Michel Gauthier-Clerc, directeur du parc animalier de La Garenne

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