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Didier Sandoz, 30 ans de terrain et de passion

Il est le pilier de la rédaction de La Côte, distille ses conseils avec autant de précisions que ses expériences et anecdotes. Surtout, Didier Sandoz est un localier passionné, un curieux de tout et de tous. Portrait.

10 oct. 2019, 05:31
/ Màj. le 17 oct. 2019 à 09:11
Didier Sandoz dans un champ de Chéserex, au coeur d'une région nyonnaise qu'il raconte avec passion depuis trente ans.

Du haut de ses 48 ans, Didier Sandoz est l’une des figures de la presse locale vaudoise. Et une figure nyonnaise tout court. Et pour cause, depuis 1988, il n’a cessé de faire ce qu’il considère être le fondement de son métier: raconter des histoires. Des histoires de personnes et de territoire. «Ce que l’on nomme aujourd’hui pompeusement du «story telling», rigole-t-il. Raconter, donc, mais pas n’importe comment. En étant toujours précis et sûr de ce qu’il avance, bien sûr, mais sans exclure une part de légèreté dès que possible. Récemment, enquêtant sur la pollution de la rivière l’Asse, mécontent d’obtenir des réponses peu transparentes de ses interlocuteurs, il écrivait: «On arrêtera là de se faire balader par téléphone, cela ne vaut pas la douceur d’une promenade le long des flots.»

Son tout premier article, il s’en souvient comme si c’était hier: «Christian Jaquillard, champion de Suisse de Rallye fêté dans son village de Tartegnin», déclame-t-il plus vite que son ombre. A 17 ans, il avait rallié le village en transports en commun et avait participé lui aussi aux festivités. A la fois journaliste, à la fois citoyen. Car il est un autre point fondamental duquel Didier Sandoz ne s’est jamais écarté: la proximité. Et même plus: l’intégration dans sa communauté. Impensable pour lui de se cacher dans les bureaux. C’est d’ailleurs par ses présences et collaborations dans les milieux culturels et sportifs qu’il a tissé ses premiers réseaux. Avant de les étendre. De fait, Didier Sandoz est l’un de ceux que l’on voit partout. Tout le temps. Même les jours de congé. 

«On n’a pas le choix: soit on commence à s’auto-censurer pour ne vexer personne et s’éviter des ennuis, soit on fait front et on blinde ses informations.»
Didier Sandoz Journaliste à «La Côte»

Mais cette sacro-sainte proximité implique aussi quelques risques. «Je me souviens d’une bordée reçue en pleine rue par un élu nyonnais au lendemain de la publication d’un article, sourit celui qui a aussi été membre de la rédaction en chef de «La Côte». Il ne s’était pas gêné de me dire ce qu’il pensait de moi.» Des retours de bâtons qui n’arrivent évidemment jamais à celui qui critique tel ou tel président d’une nation étrangère, qu’il ne croisera jamais dans la rue. «Ça m’a tanné le cuir», se souvient-il. Avant d’analyser: «De toute façon, on n’a pas le choix: soit on commence à s’auto-censurer pour ne vexer personne et s’éviter des ennuis, soit on fait front et on blinde ses informations.» 

Des rapport cordiaux, pas amicaux

De bons rapports, il faut en avoir également avec les institutions. «A mes débuts, il y avait dans notre bureau une radio nous permettant de capter la fréquence de la police. On ne se privait pas de les écouter pour savoir s’il y avait une intervention importante.» Certains de ses supérieurs d’alors voulaient de lui qu’il suive les voitures de police dès leurs sirènes enclenchées, voire qu’il les précède. «J’ai toujours respecté les protocoles sur un accident. Ça ne valait pas le coup de se mettre tout le monde à dos pour prendre un cadavre en photo.» Une méthode qui payait: «On avait des relations respectueuses avec les agents. Ils nous connaissaient et nous, puisqu’ils ne changeaient pas si vite de poste, nous les connaissions. La seule chose à laquelle il fallait faire attention, c’était de ne jamais les photographier sans leur képi.» 

Une époque révolue. «Le plus grand changement dans ce métier, c’est l’apparition des chargés de communication. Avant, on parlait directement aux gens concernés, maintenant, on doit s’adresser à une personne dans un bureau qui tente de contrôler l’information. » Récemment, Didier Sandoz rencontrait un pilote d’avion, le premier en Suisse qui allait piloter le nouveau A380. Le pilote se prête alors au jeu, raconte ce nouveau défi, pose en photo. Tout est prêt. Sauf qu’il est pris d’un doute: a-t-il le droit de parler à la presse sans autorisation? Non ! «Dès lors, il a fallu passer par de nombreux interlocuteurs de l’entreprise. Tout est devenu beaucoup trop compliqué. L’article n’a jamais été publié.» 

Ecouter et se laisser surprendre

Malgré ces désagréments, Didier Sandoz n’en a pas perdu son amour du métier. Avec l’assurance que les années passées sur le terrain renforcent son savoir et sa crédibilité. «S’il devait y avoir un danger, après toutes ces années, c’est celui de ne plus écouter les gens et ne plus les laisser nous surprendre, au prétexte qu’on a déjà tout vu et tout entendu. Il faut toujours faire l’effort de se taire et de laisser parler les autres.»
 

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