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Paléo: les reines de la pop ont pris le pouvoir de l’Asse

Christine and the Queens, Tash Sultana ou Charlotte Gainsbourg ont rayonné sous le cagnard du premier soir. Avant le show maous des Twenty One Pilots. Récit.

24 juil. 2019, 11:35
La pop-star française Christine and the Queens a tout donné, mais semblait minuscule au milieu de l'immensité d'une Grande scène agrandie.

Soleil de plomb. À sa première ouverture des portes, mardi après-midi, Paléo semble avoir déjà vécu sa 44e édition. Un terrain sec et poussiéreux, une herbe jaunie, et des festivaliers aux fronts perlés de sueur. «Mad Max» ne renierait pas cette ambiance postapocalyptique. Au détail près que, sur la plaine de l’Asse, le plan canicule y est rôdé. Et on n’y crève pas de soif: des fontaines Palé’eau sont remplies à ras bord et de l’eau potable se trouve dans tous les robinets des WC. 

De l’ombre, et vite! On la trouve sous le Club Tent, où, à 16h30, les premières notes résonnent déjà. C’est à Billie Bird qu’il incombe d’allumer le feu d’une semaine de brasier à venir. Si l’on imagine la tâche délicate, la Lausannoise semble profiter d’un public encore sage, attentif et à l’écoute de sa pop délicate. La chanteuse inonde la tente de ses mélodies envoûtantes, aux confins de la chanson française et à l’aube du rock. Premier concert, premier coup de cœur. Ce 44e millésime commence très bien.

Pour lancer officiellement le Village du Monde, voilà que le Québec s’invite sur la Grande scène nouvelle, élargie, rehaussée, et décorée d’écrans géants carrés. Les toujours festifs et non moins folkloriques Cowboys Fringants se mettent l’Asse dans la poche en un rien de temps. Ce qui nous donne une envie furieuse – osons les clichés – d’aller déguster une bonne poutine.

La pépite de Melbourne en électron libre

Chose faite avant de se rendre aux Arches. Et de prendre une bonne baffe – où est-ce le premier coup de soleil? – avec Tash Sultana. On attendait beaucoup de la jeune pépite de Melbourne, coup de cœur du Montreux Jazz il y a deux ans après avoir bourlingué les rues du monde entier avec sa guitare et sa pédale de boucles. 

 

Le concert de Tash Sultana est l’essence même d’un live: spontané et imprévisible, unique et habité.

La femme-orchestre déboule en électron libre. Pieds nus, casquette à l’envers sur sa crinière frisée, pantalon aussi ample que son t-shirt XXL. Look de surfeuse australienne, un écouteur aux couleurs de la Jamaïque, l’autre affichant une feuille de cannabis, elle lance ses premiers accords reggae, les boucle, puis rajoute une mélodie, fait du beat box, empoigne une trompette… Et lance un beat furieux avant de bondir d’un côté à l’autre de la scène. Elle chante désormais. D’une voix soul profonde, aux possibilités qui semblent infinies. Puis l’habille d’un harmoniseur. Les présentations sont faites.

Le concert de Tash Sultana est un régal. D’abord parce que la jeune femme enchaîne les prouesses instrumentales, techniques ou vocales, et maîtrise le groove à la perfection. Surtout car il est l’essence même d’un live: spontané et imprévisible, unique et habité. La création se vit en direct, réagit à l’énergie de la foule. Décidément, Paléo 2019 pourrait être un grand cru. 

Spectacle absent et public distrait

De l’autre côté, Chris et ses danseurs se déhanchent déjà sur les derniers tubes funk de la pop-star française, «Comme si» et «Damn, dis-moi». Voyons ce que cette Grande scène a dans le ventre. Chorégraphies au premier plan, musiciens relégués dans l’ombre, lumière blanche rasante sur les artistes. Christine and the Queens opte pour un show brut et épuré. Les écrans, eux, projettent des plans serrés sur les visages et les corps, pour mieux faire ressortir l’émotion. «Tu peux juste m’appeler Chris, ça t’économisera la sueur que je veux voir sur ton front Paléo», lance-t-elle. 

Mais de loin, l’artiste semble perdue au milieu de l’immensité de la scène. Le peu d’artifices visuels ne permet pas de palier à la visibilité évidente des échafaudages de scène, mis en évidence par un soleil rasant. Les quelques effets pyrotechniques n’y changeront rien, le spectacle est absent. Et le public distrait. Pourtant, malgré un fond instrumental lisse et sans saveur, Chris se donne à fond. La voix est impeccable, le langage expressif et théâtral. Mais la sauce ne prend pas.

Fraîcheur punk

On préférera la fraîcheur punk d’Aloïse Sauvage, qui enflamme le Club Tent pendant que Charlotte Gainsbourg se cache derrière ses néons aux Arches. Aloïse, donc. Sauvage, effectivement. Dans le sillon d’une chanson française teintée de hip-hop et de voix «autotunée», la Parisienne de 26 ans crie sa rage mélancolique avant de tournoyer au-dessus de la scène pendue à une perche. Et de déchaîner déjà les passions dans la foule. Une découverte.

L’événement du soir – et peut-être de la semaine – tient aussi d’un duo punk dans l’âme. Les deux Américains de Twenty One Pilots, stars des charts mondiales grâce à leur pop hybride, ont ramené leur show maous sur la Grande scène. Visiblement habitué aux grands festivals open air, le duo basse-batterie met le paquet. Des visuels calibrés sur les écrans, des lumières tournoyantes, une voiture enflammée en milieu de scène, des pétards qui explosent et des jets de confettis. 

À chaque chanson son tableau. Et on change de style comme de chemise. Rock, électro, pop, reggae, on ne sait plus où donner des oreilles mais les rétines, elles, sont rassasiées devant un aussi gros spectacle. Qui termine en apothéose avec les deux musiciens frappant des tambours au-dessus d’un public en transe.

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