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Le marché immobilier risque-t-il l’infection au coronavirus? La chronique immobilière d’UBS

15 avr. 2020, 08:00
Cyril Meury, directeur régional, UBS Romandie

Depuis plus de vingt ans, le marché immobilier suisse est en plein essor. En particulier le logement en propriété: les immeubles en PPE et les villas ont fleuri partout plus vite que les primevères au printemps. On a longtemps cru qu’une bulle pouvait se former. Il n’en a rien été. 

Jusqu’ici, les scénarios de risque se fondaient principalement sur une hausse des taux d’intérêt. Personne n’imaginait l’éventualité d’une pandémie avec les conséquences que chacun peut expérimenter actuellement. Mais une chose est sûre, la crise du coronavirus va probablement mettre fin à cette période faste.

Le marché sera un peu meurtri

Le monde est en train de changer. Et l’immobilier ne fera pas exception. Car il faut s’attendre à la fois à des baisses de revenus et à une forte augmentation du chômage. Depuis quelques jours, l’économie suisse est pour ainsi dire à l’arrêt. Elle va subir une récession brutale et risque une baisse de 3% du produit intérieur brut sur l’année. 

«A l’heure actuelle, nous n’espérons pas de reprise économique avant le deuxième semestre, au plus tôt. Mais, dans ce cas, le marché immobilier pourrait s’en tirer avec juste un œil au beurre noir», prévoit mon collègue Maciej Skoczek, spécialiste immobilier à la Recherche d’UBS. Le choc sera toutefois plus fort sur les surfaces de vente du commerce de détail et sur les hôtels. Les prix, parfois surfaits, de certains bureaux ou de résidences de luxe pourraient également souffrir. 

PPE: demande à la baisse

L’immobilier résidentiel concerne la plus grande partie de la population. Les turbulences sur les marchés financiers et l’économie en berne vont peser sur les avoirs et les revenus des ménages. Dans ces conditions, des investissements importants – tel l’achat d’un logement – seront mis en veilleuse tant que durera l’incertitude économique. En outre, les hypothèques de longue durée vont renchérir, en raison des coûts de capital plus élevés.

«Ces prochains temps, le marché restera au point mort. La demande de logements en propriété va s’affaisser. Les promoteurs doivent se préparer à réduire leurs prix qui devraient baisser au cours des douze prochains mois. Mais cette dépréciation pourrait ne pas dépasser les -5% en moyenne», juge actuellement Matthias Holzey. 

Ce spécialiste immobilier à la Recherche d’UBS estime que les centres urbains en surchauffe et les propriétés de luxe seront particulièrement affectés. En raison de la faible liquidité du marché, leurs prix pourraient même reculer jusqu’à -15%. En revanche, avec la reprise espérée, l’immobilier résidentiel devrait remonter assez vite. Aussi du fait d’un retour d’une immigration aujourd’hui au point mort.

Logements de vacances: pas trop rose

Lorsque la fortune des ménages s’érode et que l’incertitude règne sur le marché du travail, la demande en logements de vacances subit un coup de frein. De plus – et on le voit bien actuellement – la fréquence des voyages intérieurs chute, tandis que les arrivées de l’étranger tombent presque à zéro du fait de l’isolement de chaque pays.

Dans les destinations touristiques, la disparition d’une grande partie de la demande intérieure et étrangère va renforcer le taux de vacance moyen. Par ailleurs, la location commerciale de logements de vacances est mise à mal: le pic d’activité pascal n’a pas eu lieu, et pendant l’été, les loueurs risquent bien de devoir baisser leurs prix. Mais, au final, comme toujours, l’immobilier résiste plutôt bien aux crises!

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