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Pour une approche circulaire de la construction. La chronique immobilière de l’EPFL

03 avr. 2021, 20:00
Célia Küpfer architecte et doctorante au Laboratoire d’exploration structurale (SXL) à l’EPFL.

L’évolution rapide de la ville et de ses usages accélère l’obsolescence des bâtiments, limitant leur utilisation sur des périodes de plus en plus courtes. Lorsque la rénovation ou la transformation des existants n’est pas envisageable et que la démolition est inévitable, il est néanmoins possible de préserver les ressources qui constituent le bâtiment destiné à être supprimé.

Bien que nous percevions souvent les bâtiments comme des monolithes immuables, ces derniers sont composés de multiples éléments, à valeur et durée d’utilisation variables. Pourtant, lorsque nous décidons de mettre à terre un bâtiment, ces éléments deviennent des déchets à trier, évacuer, mettre en décharge ou éventuellement recycler. C’est ainsi que la filière de la construction génère aujourd’hui jusqu’à 40% des déchets des pays industrialisés. Face à leur accumulation croissante et à la diminution des ressources, l’équation linéaire du système de construction doit être repensée et une utilisation circulaire des ressources développée.

Pour valoriser les éléments de construction issus d’un démantèlement, il est nécessaire de revoir nos méthodes de démolition et conduire des déconstructions sélectives. Cela nécessite d’être aussi méthodique que lors de l’érection du bâtiment. Les éléments ainsi récupérés pourront être remis en circulation. C’est le début d’un premier cycle de réemploi.

Une approche vertueuse

Parmi les stratégies compatibles avec la transition écologique, le réemploi des éléments de construction est donc une approche prometteuse. Souvent confondu à tort avec le recyclage, le réemploi ne fait pas subir au matériau de transformations trop importantes, énergivores et émettrices de gaz à effets de serre: il ne broie pas le bois en aggloméré et ne concasse pas le béton en granulats. A la place, il sépare soigneusement les pièces, les nettoie, les recoupe éventuellement et les réutilise dans un nouveau projet. Ainsi, leur durée d’utilisation est prolongée au-delà d’un premier cycle.

Face à la mondialisation, le réemploi propose également de se détacher de la logique consumériste et dessiner des projets avec des composants disponibles localement, mis en œuvre suivant un savoir-faire situé. Le réemploi est décrit comme une réflexion éthique, qui vise à vaincre la logique de l’usage unique de nos industries. Comme pour le recyclage il y a quelques décennies, c’est un changement de mentalité qu’il faut opérer dans le secteur de la construction afin d’en modifier les procédés. En Suisse, beaucoup reste à faire afin de mettre en place le marché du réemploi dans l’industrie de la construction. Des initiatives et projets pionniers commencent à voir le jour et sont décrits dans deux récents rapports de l’Office Fédéral de l’Environnement.

La ville ressource

Afin de catalyser ce marché, nos villes et nos constructions doivent sans attendre être perçues comme autant de sources potentielles de matériaux. Pour mieux localiser les matériaux possiblement réutilisables et anticiper leur valorisation dans les projets de nos villes, il est essentiel de développer une connaissance fine de la composition de l’ensemble de notre patrimoine bâti. Cela passe par la collecte à grande échelle de plans de bâtiments existants. Une étude en cours au Laboratoire d’exploration structurale de l’EPFL Fribourg, au sein du Smart Living Lab, vise à créer cette base de données. Aussi, tout particulier souhaitant contribuer à cette recherche est invité à contacter les autrices de cet article!

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