Le président François Hollande, lors de la campagne électorale, a clairement dit sa volonté de renforcer la sécurité du système bancaire en séparant au niveau de chaque banque les activités de dépôts des activités de marché.
La crise de la zone euro, qui déstabilise les banques européennes comme l'illustre la déroute de l'espagnole Bankia et les révélations de pertes de trading chez UBS et l'américain JPMorgan Chase, prouvent pour beaucoup de spécialistes de la finance le besoin de réglementer et de réformer plus en profondeur le secteur.
«Il faut se souvenir qu'au moment de l'affaire Kerviel, toute la place de Paris disait que ce type de fraude aurait pu arriver chez n'importe qui d'autre», remarque Christophe Nijdam, analyste financier chez Alphavalue.
«S'il n'est pas possible de protéger une banque d'une telle fraude dans les activités de marché, il devient d'autant plus urgent de séparer ces activités de marché de la banque de dépôts», poursuit- il. L'affaire Kerviel «apporte de l'eau au moulin présidentiel».
Les Etats-Unis, avec la règle Volcker, et la Grande-Bretagne, avec la norme Vickers, ont déjà engagé des réformes pour sécuriser les établissements bancaires. Et le président Barack Obama, après la perte de trading de JPMorgan, a insisté sur la nécessité d'accentuer la réforme de Wall Street.
«Une tache»
En France, l'idée sous-jacente du projet socialiste consiste à priver les banques de l'aide implicite de l'Etat en cas de faillite ou des graves difficultés, si ces établissements ont des activités de marché sans lien direct avec le financement de l'économie réelle.
D'abord vent debout contre ce projet, les banques françaises se sont toutefois ralliées ces dernières semaines à l'idée de devoir sécuriser les dépôts de leurs clients, cherchant à redorer leur image auprès d'une opinion dont une grande part les tient pour responsables de la crise.
«Pour l'image de la supervision bancaire française, l'affaire Kerviel, qui est une fraude d'ampleur historique et qui est un record mondial à ce jour, reste une tache», souligne Christophe Nijdam. «On s'est toujours targué de dire en France qu'il n'était pas indispensable de réguler davantage les banques ou même de séparer certaines activités.»
De son côté, la Société générale s'efforce de faire oublier l'épisode Kerviel. Face aux actionnaires réunis le mois dernier en assemblée générale, le PDG de la banque Frédéric Oudéa a dit souhaiter pouvoir «tourner la page» après le procès en appel.
Les démons de l'affaire Kerviel n'en continuent pas moins de hanter la SocGen, comme l'a montré en août dernier une série de rumeurs qui ont provoqué un violent décrochage de son titre en Bourse.
Depuis la fin de l'été, comme de nombreuses autres grandes banques européennes, la Société générale a lancé une vaste restructuration de ses activités dans la banque de financement et d'investissement afin de renforcer sa solvabilité financière et se conformer aux nouvelles règles prudentielles Bâle III.