Alors que la série de messages estampillés #UnBonJuif publiée sur Twitter suscite la polémique, la question de la modération de ce réseau social est posée. Ce dernier, qui se défend de pouvoir surveiller tous les contenus, laisse à ses utilisateurs le soin de signaler les abus, en accord avec la charte de Twitter.
Une série de messages contenant le mot clé #UnBonJuif, dont certains à caractère antisémite, a fait partie des sujets les plus discutés sur Twitter en France la semaine dernière. Dans un communiqué publié dimanche, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), a fustigé des propos "haineux et racistes" et interpellé Twitter pour éviter que de tels propos ne soient accessibles sur le réseau social avant d'insister sur la nécessité d'un contrôle.
Selon la charte qui régit le fonctionnement de Twitter, il est précisé que les tweets ne peuvent être supprimés "sur la base de leur contenu", le réseau social revendiquant la défense de la liberté d'expression comme "droit humain inaliénable".
Dans le même temps, Twitter explique qu'il lui est impossible d'effectuer une modération exhaustive des messages postés car il ne peut "passer en revue la centaine de millions de tweets envoyés chaque jour", comme le précise son site. Dans les faits, Twitter confie la surveillance du réseau à ses propres utilisateurs, qui ont la possibilité de leur signaler toutes sortes d'abus.
Le réseau social s'est tout de même doté d'un certain nombre de règles qui lui permettent de vérifier le contenu de certains tweets. Ces règles concernent entre autres les "violences et menaces", "l'utilisation de Twitter à des fin illégales", "l'usurpation d'identité". Elles s'appliquent également aux "comportements abusifs", sans davantage de précision.
Par ailleurs, il est très compliqué pour Twitter de modérer le contenu des tweets postés en France, puisqu'à ce jour, le manager de Twitter France est installé aux Etats-Unis et qu'il n'existe pas de structure dans l'Hexagone.
Concernant la polémique suscité par #UnBonJuif, l'UEJF ne devrait pas porter plainte, comme avancé par dans un premier temps dans leur communiqué. "Nous préférons la concertation plutôt que l'action en justice", a déclaré lundi à Sipa son président Jonathan Hayoun qui privilégie le dialogue avec Twitter.
Dans l'hypothèse d'une procédure, Twitter, en tant qu'hébergeur, stipule que ce sont bien ses utilisateurs qui sont responsables du contenu qu'ils publient. Cependant, "la responsabilité de l'hébergeur peut être mise en cause en cas d'inaction de celui-ci alors qu'il a été averti d'un contenu illicite", précise à Sipa Me Antoine Chéron, avocat spécialiste du droit sur Internet.
Le conseil doute cependant qu'une telle procédure aboutirait. "Il est très difficile de déterminer dans une situation donnée s'il y a un abus de la liberté d'expression ou non. Ainsi, en l'espèce, il est difficile de déterminer si ces propos sont des blagues de très mauvais goût ou alors si ce sont des propos antisémites", selon l'avocat.