Un premier sommet pour le pouvoir d’achat a été organisé ce mardi à Berne. Cette première réunion intervient dans un contexte tendu, où les annonces de hausse des prix se succèdent

«L’inquiétude des habitants augmente dans toute la Suisse, que cela concerne les primes d’assurance maladie, le prix des aliments ou encore des transports publics», a souligné Stefan Meierhans. Monsieur Prix et les organisations de défense des consommateurs relèvent que les raisons des hausses «sont parfois opaques».

Après une matinée de discussions non publiques, ils ont présenté une «déclaration commune» avec plusieurs objectifs. Les participants appellent l’État et les entreprises proches de l’Etat à faire preuve de retenue en matière de prix.

Sont visés notamment les CFF et La Poste. Secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (FRC), Sophie Michaud Gigon appelle le monde politique à agir.

«J’espère que l’intérêt médiatique se reporte sur le débat public et politique. Les tests et les enquêtes des organisations de défense de consommateurs sont importants, mais ne suffisent pas», a martelé la défenseuse des consommateurs et conseillère nationale verte.

La FRC réclame davantage de transparence sur les prix et les marges réalisées, notamment dans l’alimentation et l’énergie. Ce mardi également, la Commission fédérale de l’électricité annonçait une hausse de 18% des prix de l’électricité.

«Avant, les doléances qui arrivaient dans nos organisations concernaient avant tout les télécommunications, les transports et les primes d’assurance maladie. De nombreuses réclamations concernent maintenant l’énergie», observe Sophie Michaud Gigon.

«Cri du cœur»

La défense des consommateurs se heurte selon elle à des obstacles au Parlement. En juin, le Conseil des Etats rejetait une motion pour davantage de transparence sur le marché de l’énergie. Côté santé, la FRC pousse un «cri du cœur» en demandant un gel des primes d’assurance maladie, tant qu’il n’y a pas de réforme permettant de maîtriser les coûts.

Cette revendication ne figure toutefois pas dans la déclaration commune. Celle-ci réclame que le parlement débloque des réformes au point mort dans la santé et l’énergie ainsi qu’en matière de droit de la concurrence et la protection des consommateurs.

L’organisation alémanique de défense des consommateurs Konsumentenforumschutz veut mettre la pression particulièrement sur les banques. «Elles reçoivent du soutien de l’Etat quand elles en ont besoin. Il faut maintenant qu’elles renoncent aux frais bancaires fantaisistes qu’elles ont mis en place lorsque les taux d’intérêt étaient négatifs», défend Sara Stalder, directrice.

L’organisation réclame également une hausse des taux d’intérêt sur les avoirs, pour qu’ils atteignent au moins un pour cent. En juin, Monsieur Prix avait déjà exigé que les banques diminuent leurs frais de gestion. Avec quel succès? «Nous sommes encore en discussion avec le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). Doit-on continuer à mener des pourparlers avec les banques ou leur faire un procès pour concurrence déloyale? La décision finale revient au Seco», répond-il.

La défense des consommateurs du Tessin (l’ACSI) demande pour sa part davantage de transparence des factures d’assurance maladie. L’organisation va aussi publier des données comparatives sur le recours aux génériques par les différents acteurs de la santé. «Nous analyserons les résultats pour voir s’il vaut la peine d’élargir l’étude au reste du pays», précise Stefan Meierhans.

Dans la déclaration commune de revendications, le Surveillant des prix annonce qu’il effectuera un monitoring de la hausse de la TVA de 0,4% (décidée par le peuple dans le cadre de la votation AVS21) qui entrera en vigueur en 2024. «Nous vérifierons par échantillonnage que l’inflation se limite bien à 0.4% et nous en chercherons les raisons si ce n’est pas le cas», indique-t-il. Un deuxième sommet est prévu l’année prochaine et les acteurs économiques y seront cette fois également conviés.

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