Bode Miller a finalement réussi son pari aux JO de Sotchi. L'Américain n'a pas glané l'or du super-G, remporté par le Norvégien Kjetil Jansrud, mais sa médaille de bronze a largement suffi à renforcer sa légende.
Une médaille sur laquelle peu de monde aurait osé miser l'hiver passé. Absent durant toute la saison 2012/2013 en raison d'une blessure à un genou - contractée d'ailleurs lors des tests olympiques de Sotchi en février 2012 -, apparemment démotivé par le sport de haut niveau, Miller semblait se diriger vers une retraite sportive bien méritée.
Mais c'était sans compter sur le natif du New Hampshire, qui n'a pas son pareil pour prendre les gens à contre-pied. Et en janvier 2013, il avait affirmé qu'il allait se lancer dans un ultime défi olympique à Sotchi. Un discours qui allait être suivi par des actes, Miller s'entraînant comme rarement durant la préparation estivale.
Allégé de 10 kg, il était apparu particulièrement affûté dès la première course de la présente saison, fin octobre à Sölden. Déjà de retour sur le podium en Coupe du monde en décembre à Beaver Creek (2e du géant), il n'avait alors cessé de monter en puissance, comme à Kitzbühel à la fin janvier (3e en descente, 2e en super-G).
Très heureux
Il n'en fallait pas plus pour faire de Miller un des favoris des Jeux, d'autant plus qu'il avait survolé les entraînements des premiers jours. Peu en réussite, il n'avait toutefois jusqu'ici pas pu confirmer en course, ni en descente (8e) ni en super-combiné (6e).
"J'avais raté deux opportunités, mais je ne me suis pas attardé là-dessus. Il n'était pas non plus question de me blâmer. J'avais certes fait des fautes, mais j'avais eu la bonne attitude en prenant tous les risques", a-t-il relevé. Le casse-cou a donc remis ça dimanche en super-G. Et cette fois-ci avec succès, puisqu'il a pu s'adjuger une médaille.
"J'ai pourtant commis une nouvelle faute que je pensais rédhibitoire. Et quand on voit les écarts, je m'estime très chanceux d'avoir pu rester sur le podium", a estimé Miller, talonné par quatre coureurs qu'il a devancés de moins de vingt centièmes.
Douleurs
S'il s'est dit "chanceux", l'Américain a surtout reconnu qu'il était "très touché émotionnellement" par cette médaille. "Comme vous le savez, j'ai perdu mon petit frère (réd: Chelone, mort à 29 ans d'une crise d'épilepsie en avril dernier). Cela a été épreuve très dure pour notre famille", a-t-il rappelé. "Cette médaille ne me rendra pas mon frère, mais je suis quand même fier d'avoir surmonté ce terrible coup du sort", a-t-il dit.
Outre cette tragédie, Miller a dû traverser d'autres malheurs ces derniers mois dans sa vie privée. Sa femme Morgan a ainsi perdu l'enfant qu'elle portait. Et plus dernièrement, il avait dû se battre devant les tribunaux pour obtenir la garde partagée de son petit garçon Nathaniel, qu'il avait eu avec une précédente compagne. Autant d'épreuves qui expliquent bien pourquoi l'Américain était ému aux larmes dimanche après avoir arraché sa médaille de bronze.
Prolifique
Avec un total de six médailles aux JO, Miller est devenu le deuxième skieur alpin le plus prolifique de l'histoire olympique, dépassant désormais Alberto Tomba (It) et Lasse Kjus (No), et revenant à deux unités du recordman Kjetil André Aamodt (No).
L'Américain a, en revanche, battu le record d'Aamodt en matière de longévité. Le Norvégien avait récolté sa dernière médaille à 34 ans, tandis que Miller affiche 36 ans. "Je ne suis pas quelqu'un qui m'attarde sur ce genre de statistiques. Mais quand, parfois, je pense à l'ensemble de ma carrière et à ces grands coureurs que j'ai pu approcher, je ressens de la fierté", a-t-il admis.