A Bienne pour le 1er Mai, Alain Berset s’est inquiété de l’augmentation des inégalités. Des manifestations ont déjà rassemblé des milliers de personnes à Zurich, Bâle et Aarau.

Bundespraesident Alain Berset spricht bei einer Veranstaltung zum Tag der Arbeit, am Montag, 1. Mai 2023 auf dem Zentralplatz in Biel. (KEYSTONE/Peter Klaunzer) © © KEYSTONE / PETER KLAUNZER

L’augmentation des dépenses de base constitue depuis des années la plus grande charge financière pour les ménages, a notamment relevé Alain Berset. KEYSTONE/Peter Klaunzer

«Les inégalités sont aujourd’hui aussi extrêmes qu’au début du XXe siècle, c’est-à-dire qu’à l’époque où il n’y avait guère d’État social digne de ce nom», a relevé le président de la Confédération. A l’époque où «la politique et la société étaient marquées par la suprématie à peine contestée des plus forts économiquement. Une suprématie qui est à nouveau revendiquée aujourd’hui de manière plus décomplexée et plus forte».

Nous devons trouver des solutions pour freiner la croissance des coûts et réduire le poids des primes.

Alain Berset, président de la Confédération

L’augmentation des dépenses de base constitue depuis des années la plus grande charge financière pour les ménages, a-t-il relevé. Parmi les charges qui pèsent, le socialiste a cité les primes d’assurance maladie, qui ont fortement augmenté l’an dernier. «Nous devons trouver des solutions pour freiner la croissance des coûts et réduire le poids des primes», a-t-il affirmé.

Le chef du Département de l’intérieur (DFI) a aussi regretté que des questions importantes soient reléguées à l’arrière-plan, comme la lutte contre le réchauffement climatique, «pourtant urgente».

La police bloque la manif à Bâle

Une intervention policière avec blocage de l’itinéraire autorisé pour la manifestation du 1er Mai a tourné au vinaigre lundi à Bâle. Ce n’est qu’après plus de deux heures d’encerclement que la situation s’est quelque peu calmée.

Mit einem grossen Polizeiaufgebot wird der Umuzg bei einer Kundgebung zum Tag der Arbeit gestoppt in Basel, am Montag, 1. Mai 2023. (KEYSTONE/Georgios Kefalas) © © KEYSTONE / GEORGIOS KEFALAS

Un important dispositif policier a été mis en place à Bâle. KEYSTONE/Georgios Kefalas

La police avait déployé un important dispositif de véhicules grillagés et de canons à eau pour bloquer le parcours autorisé de la manifestation quelques centaines de mètres après son départ. Elle a encerclé environ 70 participants en tête du cortège «en raison de la présence de groupes cagoulés et équipés de matériel de protection», a-t-elle indiqué sur Twitter.

Les tentatives de la police d’envoyer le reste de la manifestation sur un itinéraire alternatif ont échoué. Les syndicats traditionnels et le PS, qui s’étaient initialement distanciés du «bloc anticapitaliste» installé en tête de cortège en se tenant à distance, s’en sont montrés solidaires et ont rejoint le défilé. Le porte-parole d’Unia, Lucien Robischon, a fermement condamné l’intervention policière «contre des manifestants pacifiques», parlant de «scandale».

Face à cette situation, les syndicats ont décidé de déplacer la fête du 1er mai prévue à la Kasernenareal dans le Petit-Bâle vers le lieu du blocage.

Dégâts en marge de la manifestation à Zurich

A Zurich, des milliers de personnes, près de 10’000 selon les syndicats, ont participé au défilé du 1er Mai lundi matin. Parmi elles, un bloc issu des milieux d’extrême gauche a provoqué des attaques à la peinture et des dégâts matériels. Selon la police, il n’y a toutefois pas eu de gros incidents.

Sachbeschaedigung an der Raiffeisen Bank am traditionellen 1. Mai-Umzug, am Tag der Arbeit im Zeichen der "feministischen Revolution" in Zuerich, aufgenommen am Montag, 1. Mai 2023. (KEYSTONE/Ennio Leanza) © © KEYSTONE / ENNIO LEANZA

Une banque Raiffeisen a subi des dégâts. KEYSTONE/Ennio Leanza

Les vitres d’au moins deux banques ont été brisées le long du parcours. Des manifestants issus des milieux autonomes ont aussi lancé des bombes à eau sur les forces de l’ordre. Des pétards et des fumigènes ont aussi été allumés en plusieurs endroits, a indiqué la police municipale zurichoise.

Canons à eau et des gaz lacrymogènes

La situation s'est tendue lundi après-midi à Zurich, en marge des manifestations du 1er mai. La police a indiqué sur Twitter avoir été attaquée par les participants à un rassemblement non autorisé. Ceux-ci ont lancé des objets et des feux d'artifice sur les forces de l'ordre. La police a répliqué avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes, a-t-elle ajouté.

Linksautonome streiten mit der Polizei an der Nachdemonstration vom 1. Mai-Umzug, am Tag der Arbeit im Zeichen der "feministischen Revolution" in Zuerich, aufgenommen am Montag, 1. Mai 2023. (KEYSTONE/Ennio Leanza) © © KEYSTONE / ENNIO LEANZA

Plusieurs personnes issues de la scène d’extrême gauche ont tenté de lancer une manifestation non autorisée. KEYSTONE/Ennio Leanza

La police avait auparavant commencé à arrêter les participants à la manifestation non autorisée, avait constaté un journaliste de Keystone-ATS. Elle avait fait savoir qu'elle ne tolérerait aucun rassemblement.

Salaires à la traîne, retraites en baisse

L’USS a organisé des manifestations du 1er Mai dans une cinquantaine de localités. Dans son appel du 1er Mai, la faîtière exige «de meilleurs salaires. De meilleures rentes. L’égalité maintenant!». Selon elle, les revenus de l’immense majorité de la population ne font que baisser. Tandis que les prix, les primes d’assurance maladie et les loyers augmentent, les salaires sont à la traîne et les retraites se réduisent.

Dans les métiers à majorité féminins, l’argent semble toujours manquer pour des salaires décents, dénonce encore l’USS. Et de qualifier «d’injure à tous les travailleurs et travailleuses» le soutien inconditionnel aux géants de la finance, en référence au récent sauvetage de Credit Suisse.

Prochaine étape le 14 juin

La discrimination salariale des femmes préoccupe aussi Unia, pour lequel la conciliation entre vie professionnelle et vie privée est un parcours du combattant. L’augmentation de l’âge de la retraite contre la volonté des femmes n’est rien d’autre qu’une réduction des rentes, martèle le syndicat dans son appel du 1er Mai.

C’est notre cohésion sociale qui est en jeu.

Véronique Polito, vice-présidente d’Unia

Sa vice-présidente Véronique Polito a aussi fustigé dans son discours le «cadeau du siècle» fait à UBS dans le cadre de la reprise de Credit Suisse, alors que classe moyenne et classe ouvrière souffrent toujours plus.

Pour Mme Polito, «c’est notre cohésion sociale qui est en jeu». «Le 1er Mai ne doit être qu’une première étape d’une mobilisation pour plus de justice sociale. La prochaine sera celle du 14 juin, la grève des femmes, pour laquelle j’invite toutes et tous à se mobiliser.»

1er Mai en France: 540 interpellations, 406 policiers blessés

Le ministre français de l’Intérieur affirme que 540 personnes ont été interpellées lundi lors des manifestations du 1er Mai dans l’Hexagone. 406 policiers et gendarmes ont été blessés.