Bien que le plan d'aide à la Grèce se mette en place mais face à une fronde au sein de son propre parti, le premier ministre Alexis Tsipras a annoncé sa démission. Des élections législatives anticipées devraient ainsi avoir lieu le 20 septembre prochain, selon Athènes.
Arrivé au pouvoir en janvier, M. Tsipras est confronté à une fronde de l'aile la plus à gauche de son parti Syriza depuis qu'il a conclu un accord avec les créanciers d'Athènes sur l'octroi d'un troisième plan d'aide financière à la Grèce en échange de nouvelles mesures d'austérité. Le premier ministre démissionnaire a perdu sa majorité parlementaire.
"L'objectif est d'avoir des élections le 20 septembre", a dit une source gouvernementale après une rencontre entre M. Tsipras, les dirigeants de Syriza et des ministres pour discuter de cette question. La Constitution grecque prévoit une procédure relativement complexe pour l'organisation d'élections anticipées lorsque celles-ci doivent se tenir moins de douze mois après le scrutin précédent.
Maintenant que Tsipras a annoncé sa démission, le chef de l'Etat va d'abord consulter les dirigeants des autres partis pour voir s'ils sont en mesure de former un gouvernement. Ce n'est qu'en cas d'échec de ces consultations - plus que probable compte tenu de la composition du Parlement - que des élections seront organisées.
Argent versé, BCE remboursée
Plus tôt dans la journée, Athènes a été en mesure de rembourser en temps et en heure 3,4 milliards d'euros à la BCE, après avoir tout juste reçu une première tranche du nouveau plan d'aide qui lui a été accordé par ses créanciers.
Ainsi, le troisième plan d'aide au pays en cinq ans, décidé le 13 juillet dans la douleur pour éviter la sortie du pays de l'euro, semble se mettre en place. Les ministres des Finances de la zone euro ont approuvé mercredi soir le déblocage d'une première tranche de 26 milliards d'euros sur 86 milliards.
Dix milliards, consignés sur un compte, serviront à soutenir les banques grecques "dont la situation s'est gravement détériorée après l'imposition d'un contrôle des capitaux en juin", a souligné jeudi le Mécanisme européen de stabilité (MES) dans un communiqué.
Treize milliards ont été versés au pays "immédiatement", selon le MES, et la Grèce s'en est servie pour des remboursements, dont celui à la BCE. Les trois autres seront versés "au plus tard fin novembre" au vu de l'avancée des réformes imposées au pays par ses créanciers (UE, FMI, BCE, MES), selon le MES.
In extremis
En juin, la Grèce, qui devait 1,5 milliard d'euros au FMI, répartis en quatre échéances, avait demandé le regroupement de celles-ci en fin de mois, pour éviter d'avoir à dévoiler complètement son jeu: car cette fois, c'était fini, elle n'avait plus du tout d'argent pour payer.
Mais contrairement à ce qu'elle espérait, les créanciers étaient restés intransigeants à ses demandes, formulées à l'époque par un ministre des Finances peu apprécié de ses pairs, Yanis Varoufakis, remplacé depuis. Athènes, sans le sou, avait été contraint alors de briser un tabou, manquant le versement au FMI de fin juin, et dans la foulée, un autre de 450 millions début juillet.
In extremis, l'accord trouvé le 13 juillet lui avait permis d'obtenir un prêt-relais de 7,16 milliards d'euros: avec cela, le pays avait pu rembourser, le 20 juillet, les arriérés du FMI, et, verser à temps, déjà, plus de 3,5 milliards d'euros à la BCE.