Amnesty demande à la France la cessation immédiate des expulsions de Roms

L'ONG Amnesty International a demandé jeudi au gouvernement français l'arrêt immédiat des expulsions forcées de Roms.

29 nov. 2012, 07:17
La CFR publiera en fin d'année un dossier sur la discrimination, dont sont notamment victimes les Roms (ici un campement à Vidy, près de Lausanne).

Malgré un "changement de ton" de la part du nouveau gouvernement socialiste français à l'égard des populations roms, les expulsions forcées se poursuivent en France, en violation du droit international, estime jeudi Amnesty International (AI). L'ONG demande leur arrêt immédiat.

Dans un rapport intitulé "Chassés de toutes part", l'organisation a réalisé plusieurs enquêtes de terrain en Ile-de-France, où vivent près de la moitié des 15'000 Roms de France. AI relève notamment un manque de consultation et d'information des populations concernées avant leur expulsion, un délai de préavis insuffisant et des difficultés d'accès aux recours.

Selon des estimations d'associations citées par Amnesty, plus de 9'000 Roms ont été évacués au cours des trois premiers trimestres de 2012. Un pic a été atteint durant l'été, avec 2'300 expulsions en juillet et août.

"Jusqu'ici, en dépit des propos encourageants du nouveau gouvernement et de la publication de la circulaire (du 26 août, qui donne des instructions au sujet des expulsions, ndlr), les expulsions forcées ont continué à se succéder sous le gouvernement actuel", écrit AI dans son rapport.

Problèmes exacerbés

"Amnesty International salue les propos et l'approche du gouvernement actuel, mais reste préoccupée par le fait que les expulsions forcées se poursuivent à travers le pays, en violation des obligations incombant à la France en vertu du droit international", ajoute l'organisation. Elle demande l'arrêt immédiat des expulsions forcées et la modification des lois françaises pour les mettre en adéquation avec le droit international.

L'association demande également à ce que les démantèlements soient accompagnés d'offres de logement de remplacement. Elle rappelle que dans un courrier adressé au collectif RomEurope pendant la campagne présidentielle, François Hollande avait dit "souhaiter", lorsqu'un campement insalubre est démantelé, que des solutions alternatives soient proposées aux populations concernées.

"Les expulsions forcées ne règlent pas le problème mais l'exacerbent", a estimé mercredi lors d'une conférence de presse Marion Cadet, chercheuse à Amnesty International. Elle souligne qu'une fois expulsés, les Roms se réinstallent souvent illégalement sur d'autres terrains, dans un habitat encore plus précaire.

Les expulsions à répétition génèrent par ailleurs des problèmes de santé et de scolarisation, ont souligné mercredi plusieurs acteurs de terrain.