Le président français François Hollande a appelé Kiev à "faire preuve de retenue et de discernement" dans ses opérations militaires. Le nombre des victimes civiles ne cesse en effet d'augmenter dans les fiefs des insurgés que sont Donetsk et Lougansk, assiégés par l'armée ukrainienne.
Un début de désescalade pourrait avoir lieu dimanche à Berlin, où le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkine, doit rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov, en présence des chefs français et allemand de la diplomatie.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a de son côté dit espérer pouvoir "mettre un terme aux violents affrontements" en Ukraine au cours de cette rencontre.
"Respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine"
Les tensions étaient montées d'un cran vendredi lorsque Kiev avait affirmé avoir en partie "détruit" une colonne de blindés russes ayant la veille fait irruption sur son territoire, provoquant une vague de réactions indignées en Occident.
M. Hollande a de nouveau rappelé samedi que "la Russie devait s'engager à respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine". Moscou, qui a toujours démenti tout passage de troupes russes ou de matériel par la frontière, a ironiquement accusé Kiev de "détruire des fantômes".
Les séparatistes ont reçu 30 chars et 1'200 hommes
Le "Premier ministre" séparatiste Alexandre Zakhartchenko a pourtant déclaré dans une vidéo diffusée vendredi avoir reçu "150 équipements militaires, parmi lesquels 30 chars et d'autres blindés, et quelque 1'200 hommes qui ont eu quatre mois d'entraînement sur le territoire russe", ajoutant qu'ils arrivaient "au moment le plus crucial".
L'armée ukrainienne poursuivait de son côté son offensive samedi. Elle a repris aux insurgés Jdanivka, ville située 45 kilomètres au nord-est de Donetsk. Dans cette dernière cité, les combats se sont rapprochés du centre-ville ces derniers jours, d'intenses bombardements ayant frappé sa banlieue est et la localité voisine de Makiyivka.
Situation humanitaire "très difficile"
A Lougansk, encerclée par l'armée ukrainienne, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a évoqué samedi une situation humanitaire "très difficile", cette ville n'ayant plus d'eau, d'électricité et de réseau téléphonique en état de fonctionner depuis deux semaines.
L'ONG a également dénoncé l'utilisation par les deux camps d'armes lourdes dans des zones habitées, qui ont provoqué la mort de plusieurs dizaines de civils au cours des derniers jours.
Le chef des insurgés de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, a de son côté déclaré que ce bastion prorusse était "dans une situation humanitaire très préoccupante". Il a accusé Kiev de délibérément retarder l'arrivée du convoi humanitaire russe.
Convoi russe bloqué
Les quelque 300 camions russes, porteurs de 1'800 tonnes d'aide humanitaire selon Moscou, étaient eux toujours garés samedi soir à une trentaine de kilomètres du poste-frontière de Donetsk, dans la localité russe de Kamensk-Chakhtinski, ce qui signifie qu'ils n'ont pas bougé d'un pouce depuis jeudi.
Les gardes-frontières et les douaniers ukrainiens arrivés en territoire russe n'avaient pour leur part toujours pas commencé leur inspection.
Selon un responsable du ministère russe des Situations d'urgence, Moscou a envoyé aux douanes ukrainiennes une déclaration concernant le contenu des camions. Le représentant de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) sur place, Paul Picard, a quant à lui expliqué qu'une réunion entre services de douane russes et représentants ukrainiens avait eu lieu samedi matin, sans donner plus de précisions.
Moscou, qui accuse Kiev de vouloir saboter son opération humanitaire en concentrant ses efforts militaires dans la zone où doit passer le convoi, a de nouveau appelé samedi à un cessez-le-feu pour permettre à l'aide humanitaire d'être fournie aux populations victimes du conflit.