Des membres présumés de l'organisation islamiste Boko Haram ont lancé vendredi soir une attaque contre une usine à capitaux chinois dans le nord du Cameroun, a indiqué samedi la police camerounaise. L'usine est située près de la frontière avec le Nigeria et l'Etat de Borno, fief de Boko Haram. Un Chinois a été tué et dix autres apparemment "kidnappés".
Le gouverneur de la province de l'extrême-nord, Augustine Fonka Awa, a confirmé à l'agence Reuters qu'une attaque avait visé cette usine du secteur routier près de la ville de Waza. Cette localité se trouve à environ 10 km seulement de la frontière du Nigeria, et près de l'Etat de Borno, où l'enlèvement de plus de 200 lycéennes le mois dernier a suscité l'émotion d'une partie de la communauté internationale.
Cette attaque imputée à Boko Haram intervient aussi peu avant l'ouverture à Paris d'un sommet international pour la sécurité du Nigeria qui doit arrêter une stratégie commune contre le mouvement islamiste. Plusieurs dirigeants africains sont attendus en France.
"Un Chinois a été tué. Dix Chinois sont introuvables depuis cette attaque. Nous pensons qu'ils ont probablement été kidnappés", a déclaré sous couvert d'anonymat un commissaire de police de l'extrême-nord du Cameroun. "Les soldats camerounais ont riposté à l'attaque et les combats ont duré jusqu'à 3 heures du matin", a-t-il ajouté.
Une source proche de l'ambassade de Chine à Yaoundé a, elle, fait état de "dix Chinois portés disparus" et d'"un blessé", se refusant à commenter le décès d'un ressortissant chinois.
Lourdement armés
"Les Boko Haram étaient lourdement armés. Ils sont venus avec cinq véhicules", a par ailleurs affirmé un responsable administratif de Waza. "Le camp attaqué est gardé par des soldats du Bataillon d'intervention rapide, une unité d'élite de l'armée camerounaise. Leur nombre a diminué ces jours-ci parce que beaucoup sont allés à Yaoundé" pour la parade militaire du 20 mai prochain, jour de la fête nationale du Cameroun", a-t-il précisé.
Selon le commissaire de police, les assaillants ont attaqué la même nuit le commissariat de Waza, emportant avec eux des armes.
Boko Haram a déjà mené plusieurs opérations par le passé dans le nord du Cameroun. C'est dans le parc national de Waza que sept membres d'une famille française, les Moulin-Fournier, avaient été enlevés début 2013. Ils ont été libérés après deux mois de captivité.