Charlie Hebdo: hommage de John Kerry aux victimes, indignation musulmane de grande ampleur

Alors que le secrétaire d'état américain John Kerry était en France pour rendre hommage aux victimes de Charlie Hebdo, le monde musulman a manifesté son indignation quant à la une de la dernière édition du journal satirique.

16 janv. 2015, 22:54
John Kerry a déposé un bouquet de fleurs sur les lieux de commémoration des victimes de l'attentat de Charlie Hebdo.

John Kerry et François Hollande ont réfléchi ensemble vendredi à l'Elysée aux moyens de mieux coopérer contre le terrorisme, une semaine après les attentats meurtriers en France.

M. Kerry s'est rendu sur les lieux des différentes attaques de la semaine dernière. Accompagné de son homologue français Laurent Fabius, le chef de la diplomatie américaine a aussi visité les locaux du journal "Charlie Hebdo".

Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron ont dit vendredi leur détermination à contrer "l'extrémisme violent qui radicalise, recrute et mobilise". Le président américain a souligné de son côté la nécessité pour l'Europe de veiller à une meilleure intégration des musulmans.

Obsèques des victimes

Après Cabu, Wolinski et plusieurs autres, trois membres supplémentaires de l'équipe de Charlie Hebdo ont été enterrés vendredi. Des applaudissements nourris et l'Internationale ont salué l'arrivée du cercueil de Stéphane Charbonnier dit Charb, à Pontoise.

"Je suis Charlie, prouvez-le! Prenez vos crayons, vos papiers, un scan, un ordi, exprimez-vous", a lancé le dessinateur Luz, s'adressant aux millions de "lecteurs et lectrices de toujours ou d'un jour".

Le dessinateur Honoré et le correcteur Mustapha Ourrad devaient être inhumés dans l'après-midi au cimetière parisien du Père Lachaise, dans la stricte intimité.

Indignation et manifestations

Pendant ce temps, le dernier numéro de "Charlie", paru mercredi, continuait de provoquer l'indignation dans le monde, notamment musulman.

Quatre personnes sont mortes et 45 ont été blessées vendredi à Zinder, deuxième ville du Niger. Plusieurs milliers de personnes ont protesté vendredi après-midi à Bamako, au Mali ainsi qu'à Nouakchott, en Mauritanie.

Des heurts ont éclaté à Alger à la fin d'une marche de protestation. A Khartoum, quelques centaines de fidèles ont brièvement manifesté après la grande prière. A Tunis, des fidèles ont quitté la mosquée el-Fath alors que l'imam Noureddine Khadmi n'avait pas terminé son prêche.

Le rassemblement le plus important a eu lieu à Amman, où 2500 manifestants, membres des Frères musulmans ou d'organisations de jeunesse, ont défilé sous haute surveillance et dans le calme.

Le site sensible de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est a été le lieu d'une manifestation de quelques centaines de musulmans palestiniens.

Au Qatar, l'Union mondiale des oulémas a appelé à des "manifestations pacifiques" et critiqué le "silence honteux" de la communauté internationale sur cette "insulte aux religions".

Le Conseil des théologiens, la seule institution saoudienne autorisée à donner des avis religieux et à émettre des fatwas, a condamné la publication.

Des milliers de manifestants ont dénoncé vendredi au Pakistan la publication, la contestation tournant à l'affrontement devant le consulat français de Karachi. Un photographe de l'AFP a été grièvement blessé.

A Ankara, le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde contre l'islamophobie en train selon lui de se développer en Occident et évoqué la menace d'un "choc des civilisations".

Arrestations en France et en Belgique

Un militant russe a été condamné vendredi à huit jours de prison pour avoir manifesté au pied du Kremlin son soutien à "Charlie Hebdo", a annoncé un tribunal moscovite.

Plusieurs coups de filet ont été lancés ces dernières heures en France et Europe contre des réseaux djihadistes, sans lien a priori avec les attentats de Paris.

En France, 12 personnes ont été placées en garde à vue dans la nuit de jeudi à vendredi en région parisienne, soupçonnées d'un "possible soutien logistique" aux tueurs de "Charlie Hebdo", selon une source judiciaire.

En Belgique, 13 personnes ont notamment été interpellées jeudi soir et deux jihadistes présumés revenant de Syrie ont été tués par la police lors d'une opération menée contre un groupe projetant des attentats visant notamment des policiers.

Par ailleurs un Français, soupçonné de liens avec les frères Kouachi et arrêté en Bulgarie alors qu'il tentait visiblement de se rendre en Syrie, voyageait avec trois personnes également en contact avec les auteurs de la tuerie de "Charlie Hebdo", a indiqué la justice bulgare vendredi.

Trois Français candidats au jihad dont le procès s'est tenu lundi et mardi risquent pour leur part quatre à dix ans de prison. Ce procès est le premier en matière de terrorisme depuis les attentats de Paris la semaine dernière.