Le procès en Chine d'un homme qui s'est accusé d'un meurtre s'est ouvert lundi. Il débute trois semaines après le retentissant acquittement post-mortem d'un adolescent exécuté à tort dans cette affaire il y a 18 ans.
Le tribunal populaire intermédiaire de Hohhot, en Mongolie intérieure, a engagé lundi la procédure contre Zhao Zhihong. Il devrait rendre son verdict dans la semaine, selon le site officiel de microblog du tribunal.
L'affaire est emblématique des errements d'une justice chinoise souvent expéditive et directement contrôlée par le Parti communiste (PCC). Elle porte sur le viol et le meurtre par strangulation en 1996 d'une ouvrière dans les toilettes d'une usine textile de Hohhot, la capitale de la Mongolie intérieure.
Peu après, au terme de 48 heures d'interrogatoire, un adolescent d'origine mongole, Hugjiltu, 18 ans, avait "avoué" le crime. Il avait été exécuté deux mois après les faits.
Le 15 décembre dernier, le tribunal de Hohhot reconnaissait que Hugjiltu avait été victime d'une erreur judiciaire et le déclarait "non coupable". Cette décision rarissime en Chine avait fait grand bruit et validait des années de campagne de sa famille en sa faveur. La famille de l'adolescent innocenté doit recevoir l'équivalent de 265'000 euros en compensation.
Entretemps, en 2005, l'homme qui comparaît lundi avait été arrêté et avait avoué plus d'une dizaine de viols et de meurtres, dont celui de l'ouvrière en 1996. Mais la justice n'en avait pas tenu compte lors de son procès en 2006, lui imputant neuf affaires mais excluant celle de l'ouvrière.
Les acquittements devant la justice chinoise sont plus qu'exceptionnels, les inculpés étant jugés coupables dans 99,93% des cas, selon des chiffres officiels. L'usage de la force pour obtenir des aveux reste très répandu dans le pays en dépit des engagements réguliers des autorités à y mettre fin.
Le nombre de crimes encourant la peine de mort a été réduit de 68 à 55 en 2011. Selon la fondation Dui Hua, basée aux États-Unis, la Chine a procédé à quelque 2400 exécutions en 2013, contre une dizaine de milliers 10 ans plus tôt.
Le PCC s'est efforcé ces derniers mois de redorer le blason de la justice en révisant quelques verdicts prononcés dans des affaires qui avaient rencontré un large écho.