Les villes de Suisse prennent des mesures contre les îlots de chaleur, un phénomène qui risque de s’intensifier avec le changement climatique. Un peu partout, les autorités plantent des arbres, remplacent des surfaces goudronnées ou installent des systèmes de brumisation.

En Valais

«Aucune ville ne peut faire l’économie de prendre ce thème à bras-le-corps», a déclaré à Keystone-ATS Laurence Salamin, architecte de la ville de Sierre (VS). La cité du soleil a établi en 2022 une carte des températures au sol, sur la base de laquelle elle a pris des mesures de végétalisation.

Toujours en Valais, la capitale Sion est l’une des villes pionnières dans ce domaine. Le programme AcclimataSion visant à adapter la ville au changement climatique a été lancé il y a une petite dizaine d’années, en collaboration avec la Confédération.

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A Sion (VS), des îlots arborés ont été installés sur la place de la Planta. Ville de Sion

«Depuis, il est devenu une vraie philosophie d’aménagement public dont l’objectif est d’amener plus de vert (végétaux) et de bleu (eau) au coeur de la ville», détaille celle-ci.

Concrètement, cela s’est traduit par différents réaménagements dont celui de la place de la Planta, où des îlots arborés sont installés depuis 2020 en été. «Ces mesures ont modifié l’usage de la place, lui ont non seulement ajouté une valeur environnementale mais également sociale», se réjouit la Ville.

Les mesures effectuées ont montré une baisse moyenne de près de 7 degrés des températures de surface et d’environ 1 degré sur la température ambiante.

A Bienne

L’un des projets souvent cités est l’aménagement de l’île de la Suze, à Bienne. La température ressentie lors d’une chaude journée d’été dans ce parc comptant plusieurs centaines d’arbres et traversée par cette rivière est nettement plus basse que dans les quartiers environnants.

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Le parc de l’Île-de-la-Suze a été inauguré en juin 2017 après 28 mois de travaux. Biel-bienne.ch

Dans le canton de Fribourg

La nécessité d’agir est aussi perçue à Fribourg. Le canton a présenté cette semaine un guide à l’intention des communes. «Les îlots de chaleur concernent toutes les communes, qu’elles soient urbaines, semi-urbaines, rurales ou préalpines», peut-on y lire. «Ce phénomène va s’amplifier fortement durant les prochaines décennies et il convient dès aujourd’hui de s’y préparer».

Une cartographie des zones de vulnérabilité de 18 communes définies comme prioritaires a été réalisée. Ces cartes mettent en exergue les îlots de chaleur et de fraîcheur dans les communes concernées ainsi que les lieux vulnérables tels qu’EMS, écoles et centres de santé.

Dans le canton de Vaud

Dans le canton de Vaud, Lausanne s’est notamment fixé un «objectif canopée». Elle ambitionne de faire passer la surface recouverte par les feuilles d’arbres à 30% d’ici 2040, contre 20% actuellement.

Sur certains sites particuliers, comme au pôle muséal de Plateforme 10, critiqué pour son manque de fraîcheur, on prévoit aussi d’installer une fontaine à brumisation et de poser un nouveau revêtement plus clair au sol.

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Des arbres et une fontaine pour rafraîchir le pôle muséal lausannois. Etat de Vaud

Dans le canton de Genève

Le canton et la Ville de Genève installent depuis trois ans des micro-oasis, qui deviennent des lieux de fraîcheur en cas de températures élevées. Six installations sont prévues cet été, explique Marc Moulin, un porte-parole.

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La ville de Genève a installé dans différents lieux des îlots avec brumisateur. Ville de Genève/Nicole Zermatten

Les autorités prévoient aussi des animations autour de ces espaces de fraîcheur pour créer du lien social.

Dans le Jura

Dans le Jura, la municipalité de Delémont prévoit aussi de supprimer des surfaces en bitume. Trente-cinq arbres seront plantés dans la Vieille-Ville avec des surfaces perméables en lieu et place du goudron, explique le service de l’urbanisme.

A Neuchâtel

A Neuchâtel, la Ville a enlevé ce printemps près de 400 mètres carrés de bitume aux abords du Port de Serrières, avec à la place un nouveau revêtement de gravier et de gazon.

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La Ville de Neuchâtel mène des travaux de dégrappage du bitume aux abords du port de Serrières et de l’arrêt éponyme du Littorail. Capture d’écran sur neuchatelville.ch

Et du côté de l’arrêt de tram tout proche, des mûriers taillés en parasol ont été plantés pour apporter ombrage et fraîcheur.

En Suisse alémanique

La Suisse alémanique n’est pas en reste. Ainsi, Winterthour (ZH) s’est donné pour objectif de planter 1000 nouveaux arbres. Sa grande voisine Zurich a aménagé un nuage de pulvérisation à la Turbinenplatz, un espace bétonné.

Saint-Gall souhaite pour sa part mieux gérer les eaux de pluie avec son concept de «ville-éponge». Lucerne mise notamment sur l’asphalte clair. Bâle annonce, elle, l’installation d’arbres en pot, de voiles au-dessus des rues commerçantes et de systèmes de brumisation.

En ville de Berne

Depuis 2020, la ville de Berne teste plusieurs espèces d’arbres provenant des Balkans et d’autres régions européennes. L’essai, qui durera dix ans, doit permettre de déterminer quels arbres supportent mieux les étés chauds et les phases de sécheresse prolongées.

Dans la capitale, on vient aussi de casser les 1000 mètres carrés d’asphalte qui avaient été aménagés il y a quelques années (2017) devant le siège des CFF au Wankdorf. Ils ont fait place à un revêtement en marne et à de nouveau arbres.

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