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Davutoglu va succéder à Erdogan à la tête du gouvernement turc

Recep Tayyip Erdogan a désigné Ahmet Davutoglu, son ministre des Affaires étrangères, pour lui succéder à la tête du gouvernement turc.

21 août 2014, 20:05
Ahmet Davutoglu, Minister of Foreign Affairs of Turkey, attends a panel session on the third day of the 44th Annual Meeting of the World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland, Friday, January 24, 2014. The overarching theme of the Meeting, which take place from 22 to 25 January, is "The Reshaping of the World: Consequences for Society, Politics and Business". (KEYSTONE/Laurent Gillieron)

Le Premier ministre et président élu turc Recep Tayyip Erdogan a, sans surprise, désigné jeudi son fidèle ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu à la tête du gouvernement. Il l'a aussi choisi pour lui succéder à la tête du parti islamo-conservateur (AKP) au pouvoir.

"C'est un honneur pour moi d'être désigné à ce poste (...), je vais continuer le mouvement de restauration engagé il y a douze ans", a réagi M. Davutoglu. "Je vous assure que l'unité de notre parti sera garantie. Aucune graine de discorde ne peut être plantée entre nous", a-t-il également promis à son prédécesseur.

Agé de 55 ans, cet universitaire de formation, est député de sa province natale de Konya (centre) depuis 2011. Il est ministre des Affaires étrangères depuis 2009.

Tonnerre d'applaudisssements

A l'issue d'une réunion de plusieurs heures de l'état-major de l'AKP, M. Erdogan avait dévoilé auparavant le nom de son dauphin devant un parterre de dignitaires du parti. Une annonce saluée par un tonnerre d'applaudissements.

"Je pense que notre candidat à la présidence du parti et au poste de premier ministre réalisera les idéaux de la 'nouvelle Turquie' (son slogan électoral, ndlr.) et les objectifs de l'AKP pour 2023 (centenaire de la République)", a-t-il déclaré.

Secret de Polichinelle

Malgré les efforts de M. Erdogan pour maintenir un certain suspense autour du nom de son successeur, le choix de M. Davutoglu n'était plus qu'un secret de Polichinelle. Depuis la victoire du chef du gouvernement à la présidentielle du 10 août, son nom figurait en tête tous les pronostics.

M. Davutoglu travaille aux côtés de l'actuel Premier ministre depuis son arrivée à la tête du gouvernement en 2003. Il fut d'abord son conseiller diplomatique, avant de prendre en 2009 le portefeuille de ministre des Affaires étrangères.

Diplomatie "néo-ottomane"

Ce polyglotte est le maître d'oeuvre de la nouvelle diplomatie turque, dite "néo-ottomane", qui a vu le retour de la Turquie sur l'avant-scène mondiale, notamment au Moyen-Orient, dans la zone d'influence de l'ex-Empire ottoman.

Le bilan de cette politique dite de "zéro problème avec les voisins" s'est toutefois singulièrement dégradé. Depuis le "Printemps arabe de 2011", Ankara a des relations exécrables avec l'Egypte, la Syrie et Israël, jadis son allié.

"Les directives du président"

"On pourrait s'attendre à ce qu'un Premier ministre soit nommé pour ses réussites, pas pour ses échecs", a souligné un député de l'opposition, Aykan Erdemir. Comme de nombreux analystes, l'élu a pronostiqué que M. Davutoglu ne devrait guère être en mesure de contester l'autorité de M. Erdogan, qui a remporté dès le premier tour le scrutin présidentiel.

"Personne ne croit un instant que M. Davutoglu va imposer sa vision au gouvernement. Il va suivre l'autorité et les directives du président", a ajouté l'élu du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate).

L'ère des marionnettes?

Fort de sa légitimité dans les urnes, le futur chef de l'Etat a déjà signalé haut et fort son intention de conserver les rênes du pays. Agé de 60 ans, M. Erdogan envisage de modifier la Constitution pour y renforcer les prérogatives de la présidence, jusque-là largement protocolaires, et prendre en main l'exécutif, dont le Premier ministre a pourtant l'essentiel de la charge.

Source de tensions, cette présidentialisation du régime est dénoncée par l'opposition. "Il me semble que la Turquie est entrée dans l'ère des Premiers ministres marionnettes", a regretté jeudi Kemal Kiliçdaroglu, le chef du CHP.

Après la réunion de jeudi, M. Davutoglu devrait officiellement prendre la tête de l'AKP au cours d'un congrès extraordinaire prévu pour le 27 août. Sitôt investi, le 28 août, le président Erdogan le chargera de former un nouveau gouvernement.

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