«C'est en résistant que nous vaincrons», ont encore crié les manifestants sous le regard de centaines de policiers anti-émeutes cernant la place, soutenus par plusieurs blindés de l'armée.
Les protestataires ont également appelé le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan à la démission, avant de jeter des oeillets rouges sur la place et sur les marches menant au parc Gezi, en souvenir des morts, des blessés et des personnes arrêtées dans la répression policière des récentes manifestations.
Au moins quatre personnes ont péri et plus de 7800 autres ont été blessées, selon un bilan de l'Union des médecins de Turquie. Des milliers de personnes ont par ailleurs été interpellées, mais la plupart ont depuis été relâchées.
Une cinquantaine de suspects, liés selon les autorités turques à une organisation d'extrême-gauche clandestine, ont été inculpés pour appartenance à une organisation terroriste. Ils ont été placés en détention préventive vendredi et samedi à Istanbul et à Ankara.
Sur la place Taksim, les manifestants n'agitaient aujourd'hui que des drapeaux turcs et de «Solidarité Taksim», la coordination des associations actives dans le mouvement de protestation, prenant garde de ne pas déployer devant la police les étendards d'organisations proscrites.
Nouveaux modes de contestation
Le mouvement de contestation est né le 31 mai dernier dans le parc Gezi quand la police a réprimé quelques centaines de défenseurs de l'environnement qui voulaient s'opposer à l'arrachage des arbres du parc dans le cadre d'un projet d'aménagement voulu par le gouvernement Erdogan.
La protestation s'est ensuite répandue à tout le pays et s'est muée en une contestation de l'autoritarisme de M. Erdogan et de sa volonté perçue d'islamiser la société turque, le parc Gezi se muant en camp retranché des manifestants.
La confrontation avec la police s'est tarie après que celle-ci a investi le parc samedi dernier à grands renforts de gaz lacrymogène et de canons à eau.
Mais les manifestants ont depuis inventé de nouveaux modes pacifiques de contestation, comme celle des «hommes à l'arrêt», protestant de manière silencieuse et immobile, et animant chaque soir des forums de discussion dans de nombreux parcs d'Istanbul.