Le tribunal qui rejuge Hosni Moubarak a reporté samedi son verdict au 29 novembre. L'ex-président est devant la justice pour complicité dans le meurtre de centaines de manifestants durant la révolte populaire qui l'a chassé du pouvoir début 2011.
L'ex-raïs à la santé fragile à 86 ans, dans un fauteuil roulant et derrière ses habituelles lunettes de soleil, a écouté calmement, dans le box grillagé des accusés, le juge Mahmoud Kamel al-Rachidi expliquer qu'il n'avait pas eu assez de temps pour rédiger les 2000 pages des attendus de son verdict.
M. Moubarak est jugé pour complicité de meurtre avec l'ex-ministre de l'Intérieur Habib al-Adly et six anciens hauts responsables des services de sécurité. Lors d'un premier procès, il avait été condamné en juin 2012 à la prison à perpétuité, mais la sentence avait été annulée pour des raisons techniques et l'affaire rejugée.
Le tribunal, situé au coeur de l'académie de police du Caire, doit également trancher dans le cadre d'un autre dossier, une affaire de corruption, concernant le président déchu et ses deux fils Alaa et Gamal.
Climat très différent
Le jugement sera rendu dans un climat bien différent de celui qui prévalait il y a deux ans. En juin 2012, l'Egypte tenait en effet sa première élection présidentielle démocratique et élisait un président civil et islamiste, Mohamed Morsi, un scrutin qui semblait sonner le glas de l'autocratie.
Aujourd'hui, M. Morsi, renversé par l'armée au bout d'un an après des manifestations monstres contre lui, est emprisonné et encourt la peine de mort. Et l'institution militaire est revenue sur le devant de la scène en la personne de l'ancien chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, élu président fin mai 2014.
"J'ai la conscience tranquille"
Signe que les temps ont changé, le procès Moubarak était relégué samedi dans les pages intérieures de la plupart des journaux égyptiens.
Lors de la dernière audience en août, M. Moubarak a défendu son bilan et s'est targué d'avoir assuré "la plus importante croissance économique de l'histoire" de l'Egypte. "Alors que ma vie approche de son terme (...) j'ai la conscience tranquille, et je suis content d'avoir passé (ma vie) à défendre l'Egypte", a-t-il lancé, assis dans un fauteuil roulant.
La révolution dénigrée
Les victimes de la révolte de 2011 craignent eux que le nouveau climat politique ne contribue pas à ce que justice leur soit rendue. "Il y a maintenant une vague de dénigrement vis-à-vis de la révolution et des jeunes qui l'ont menée", déplore Oussama al-Meghazi.
Gamal Eid, un avocat qui représente les victimes, a affirmé ne pas s'attendre à une peine sévère contre M. Moubarak ou contre les chefs de la police, six d'entre eux ayant été acquittés lors du premier procès. "Je n'ai pas confiance, vu les verdicts précédents (...), les jugements vont dans le sens du climat politique", estime-t-il.