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En renvoyant la faute sur leurs fournisseurs et producteurs, la filière joue gros

Les industriels et les distributeurs jouent gros à renvoyer sur leurs fournisseurs ou producteurs toute la responsabilité du scandale des plats cuisinés au cheval estampillés 100% boeuf.

12 févr. 2013, 14:38
epa03575068 A picture made available on 09 February 2013 showing French Findus Lasagnes Bolognaise packets, in Mulhouse, France, 08 February 2013. The French food company Findus one of a group of companies involved in the investigation how horse meat came to be present in some of the beef products. Comigel, based in the north-eastern town of Metz, supplies tens of thousands of tonnes of frozen meals to around 15 countries. It was the manufacturer of the Findus frozen lasagnes, some of which contained up to 100 per cent horse meat. Reports state that The French subsidiary of ready meal maker Findus said 09 February 2013 it planned to take legal action after being 'deceived' over the use of horse meat in its lasagne dishes.  EPA/JEAN FRANCOIS FREY FRANCE OUT

Les industriels et les distributeurs jouent gros à renvoyer sur leurs fournisseurs ou producteurs toute la responsabilité du scandale des plats cuisinés au cheval estampillés 100% boeuf. Cette stratégie risque de leur aliéner la confiance des consommateurs, selon des experts.

L'affaire a notamment provoqué le retrait de produits Findus, première marque concernée.

Tous les maillons de la chaîne de production se sont défaussés sur le maillon situé en amont: Findus sur son sous-traitant Comigel, Comigel sur son fournisseur Spanghero, Spanghero sur l'abattoir roumain d'où la viande incriminée est issue.

"Dans une avalanche, aucun flocon ne se sent responsable", a expliqué Yves-Paul Robert, responsable de la communication de crise chez l'agence Havas. "Dans cette affaire, si l'on suit ce qu'on nous dit, ce n'est pas la faute de Findus, ce n'est pas la faute de Comigel, ce n'est pas la faute de l'industrie, ce n'est pas la faute de l'Etat français, et ainsi de suite."

Faire amende honorable

Cette stratégie risque de causer des dommages durables, au sein d'une filière qui avait réformé ses normes de traçabilité au cours des vingt dernières années, sous le coup du scandale de la vache folle.

Pour le président de l'agence de communication La Matrice, Claude Posternak, l'affaire permettrait pourtant aux industriels comme Findus de "rebondir", à condition de faire "amende honorable" et grâce à une "transparence totale".

"Tout le monde sait que des accidents peuvent arriver au travail, au niveau individuel comme au niveau industriel", remarque M. Posternak. "L'important, c'est d'expliquer exactement ce qui s'est passé et de mettre en place des processus qui garantissent que cela ne se reproduira plus."

Responsabilité morale

"Findus doit endosser la responsabilité morale de sa stratégie industrielle", parce qu'une "marque ne peut plus se réfugier derrière les actes de ses sous-traitants", estime Yves-Paul Robert.

L'affaire vient ternir l'image d'une marque qui revendique un positionnement qualitatif dans le secteur du surgelé. Findus a joué la transparence vendredi en alertant les autorités sanitaires, après les résultats surprenants de tests réalisés par la marque sur ses produits au boeuf. Le groupe a annoncé son intention de porter plainte contre X et s'estime "victime".

"Findus a une position très simple: puisque je vous dis la vérité, je ne suis pas coupable. Mais il n'y pas de rapport entre la vérité et la culpabilité", fait valoir M. Robert. "Findus porte la responsabilité de l'ensemble de sa chaîne industrielle", défend-il.

"Les Français et les opinions européennes découvrent que le boeuf est devenu une matière première, comme l'or ou le pétrole, et qu'il est géré de la même façon", note pour sa part Claude Posternak, ce qui va renforcer les exigences de traçabilité.

Scandales nécessaires

Face à ce scandale, le gouvernement français a annoncé lundi la mise sous surveillance de la filière viande et poisson. Selon le sociologue Eric Donfu, spécialiste des évolutions de la société, ce genre d'épisodes est nécessaire au maintien des mécanismes de régulation.

"On ne parle de traçabilité que lorsqu'il y a un scandale", a estimé M. Donfu. "Après ce scandale, le consommateur sera gagnant par de nouvelles garanties qui lui seront apportées."

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