Votre publicité ici avec IMPACT_medias

France: sous pression de la rue, Valls lâche du lest sur le travail

En modifiant lundi son projet controversé de réforme du travail, le gouvernement français espère endiguer le mouvement de contestation des syndicats de salariés et d'étudiants.

14 mars 2016, 20:51
Manuel Valls a exposé aux syndicats et patronat une version amendée du projet de loi, dont la mouture initiale avait jeté dans la rue plusieurs centaines de milliers de manifestants la semaine passée.

Le gouvernement socialiste français a lâché du lest lundi sur son projet controversé de réforme du travail. Il espère ainsi endiguer la contestation des syndicats de salariés et d'étudiants qui menace de déstabiliser l'exécutif à un an de la présidentielle.

L'opération déminage a remporté un succès mitigé: des syndicats réformateurs ont semblé convaincus, mais les syndicats contestataires maintiennent leurs appels à la mobilisation. Quant au patronat, il s'est dit "déçu" par les modifications.

Tous ces acteurs ont été reçus lundi par le Premier ministre Manuel Valls, à l'issue d'une semaine de consultations. Il leur a exposé une version amendée du projet de loi, dont la mouture initiale, jugée trop favorable aux employeurs, avait jeté dans la rue plusieurs centaines de milliers de manifestants la semaine passée.

Reculades

La nouvelle version du texte renonce à créer un plafond pour les indemnités que les juges peuvent attribuer aux salariés en cas de licenciement abusif, une disposition rejetée par l'ensemble des syndicats, y compris réformateurs.

M. Valls a aussi annoncé que la nouvelle mouture ne permettrait pas - contrairement à ce qui avait été envisagé initialement - à un employeur de petite ou moyenne entreprise d'introduire unilatéralement des souplesses dans le temps de travail. Le nouveau texte renforce également le contrôle du juge sur les licenciements économiques.

Nouveau départ

"C'est donc à un nouveau départ de ce texte que j'appelle", a résumé M. Valls, en appelant les partenaires sociaux à montrer que la France "peut se réformer dans l'écoute et le dialogue".

Le président François Hollande avait lui aussi reconnu ce week-end la nécessité d'apporter "éclaircissements" et "corrections" au projet de loi. Il avait en revanche exclu de "retirer" le texte, attendu en Conseil des ministres le 24 mars.

Le couple exécutif avance en terrain miné sur cette réforme, la dernière d'envergure à son agenda à l'approche de la présidentielle de 2017. Sa popularité ne cesse de chuter et il craint par-dessus tout une amplification de la mobilisation des opposants au projet, notamment la jeunesse.

Manifestation maintenue

Les principaux syndicats contestataires de salariés, la CGT et FO, réclament son abandon pur et simple, une exigence également soutenue par l'Unef, premier syndicat étudiant du pays, classé à gauche.

A peine dévoilée la version amendée de la réforme, ces trois organisations ont maintenu leurs appels à la mobilisation, notamment jeudi pour les étudiants et le 31 mars pour tous. Les appels à manifester "sont plus que jamais d'actualité", a ainsi déclaré le numéro un de la CGT Philippe Martinez.

A défaut d'infléchir les syndicats contestataires, l'exécutif semble avoir rallié au texte les formations réformistes, telle la CFDT. Son secrétaire général, Laurent Berger, a salué les annonces de Manuel Valls, "potentiellement" porteuses de "progrès pour les jeunes et les salariés".

Quant aux organisations de chefs d'entreprises, qui avaient bien accueilli la première version, elles ont logiquement critiqué les "reculades" du gouvernement.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias