Le pape François a fait ses premiers pas dans la discrétion jeudi, au lendemain d'une élection historique qui insuffle un vent d'espoir l'Eglise dans la tourmente. Jorge Mario Bergoglio a prié la Vierge Marie, récupéré ses affaires personnelles à l'hôtel et présidé sa première messe.
Imprimant dès les premières heures de son pontificat un total détachement vis à vis des ors du pouvoir, le nouveau pape a pris son petit-déjeuner avec six autres cardinaux. La veille, il avait refusé la voiture spéciale qui devait le reconduire de la basilique à la maison Sainte-Marthe, entrant dans le minibus avec ses "frères" cardinaux.
Jeudi, il a demandé à son chauffeur de faire un crochet par l'hôtel romain où il était descendu à son arrivée d'Argentine, afin d'y récupérer les bagages qu'il y avait laissés. Cette anecdote tend à confirmer qu'il ne s'attendait pas à devenir pape.
Première messe
Lors de la première messe qu'il a présidée en la chapelle Sixtine en présence des 114 cardinaux électeurs, François a appelé l'Eglise à se purifier, estimant qu'elle n'est qu'une "ONG" "si elle ne professe Jésus" et n'accepte pas de "porter sa croix". Pour le successeur de Benoît XVI, l'Eglise devrait fuir le matérialisme et se concentrer sur les Evangiles.
Auparavant, le pontife a exprimé son souhait de contribuer au "progrès des relations entre juifs et catholiques", dans une lettre adressée au chef de la communauté hébraïque de Rome. François s'inscrit ainsi dans le droite ligne de Benoît XVI.
Humour et bonhomie
Mercredi, lors de sa première apparition publique au balcon de Saint-Pierre, il a rappelé un peu l'humour de Jean Paul II avec sa boutade - "On dirait que mes frères cardinaux sont allés prendre l'évêque de Rome presque au bout du monde" - et la bonhomie et l'humilité de Jean XXIII, y compris dans la tonalité de sa voix, quand il a dit: "Bonne nuit".
Un geste surtout a été retenu, qui restera dans l'histoire: "Je veux vous demander une faveur, avant de vous donner ma bénédiction, je vous demande votre prière, qui est la bénédiction du peuple pour son évêque".
Spiritualité
Certains éléments ont commencé à filtrer sur les raisons ayant présidé à son élection. Le cardinal français Jean-Pierre Ricard a déclaré que les cardinaux étaient en quête d'un pape qui soit à la fois un pasteur et un homme de spiritualité.
Selon certains "vaticanistes" de la presse italienne, le bloc des Italiens au conclave (près d'un quart des voix) a été affaibli par le scandale "Vatileaks". Cela aurait réduit les chances d'élection de l'archevêque de Milan, Mgr Angelo Scola.
En 2005, M. Bergoglio était l'un des favoris. Selon un "vaticaniste", le cardinal avait alors refusé son élection. Cette fois, il a déjoué tous les pronostics face aux favoris. Il a réussi son entrée, en captant les faveurs des journalistes les plus critiques.
Jorge Mario Bergoglio est réputé pour défendre avec fermeté ses convictions. Manifestant son conservatisme en matière de moeurs, il s'est vigoureusement élevé contre le mariage homosexuel.