D'après la CGTP, la principale centrale syndicale du pays, qui a appelé à cette journée de mobilisation, quelque 300'000 personnes ont défilé dans la capitale portugaise. La police a pour habitude de ne pas communiquer de chiffres sur le nombre des manifestants.
«Il s'agit de la plus grande manifestation de ces 30 dernières années», a souligné Armenio Alves Carlos, secrétaire général de la CGTP, qui s'est adressé aux manifestants dans un discours à la fin de la manifestation. Il a vivement critiqué les mesures du programme d'assistance financière. Ce plan «est un programme d'agression des travailleurs et de l'intérêt national», a-t-il déclaré.
«L'austérité ne crée pas de richesses. Or, le pays a besoin qu'on lui retire la corde du cou pour pouvoir respirer, vivre et travailler», a-t-il ajouté. Le syndicaliste a plaidé pour une revalorisation du salaire minimum, actuellement de 485 euros brut.
«Le salaire (minimum) net s'élève à 432 euros, or le seuil de pauvreté est de 434 euros, ce qui concerne actuellement au Portugal «quelque 400'000 travailleurs», a-t-il affirmé.
Le responsable de la CGTP a averti que la vague de contestation se poursuivrait dans les prochaines semaines, annonçant d'ores et déjà une nouvelle journée de manifestations dans tout le pays le 29 février prochain.
«Pas d'issue»
Les manifestants sont arrivés à Lisbonne en début d'après-midi à bord de cars affrétés pour l'occasion. Ils s'étaient d'abord concentrés en divers endroits de la capitale avant de converger vers la place du Commerce, dans le centre historique.
En début d'après-midi, une cinquantaine de salariés travaillant dans le secteur de la céramique à Valadares (nord du Portugal) ont manifesté devant la résidence officielle du Premier ministre Pedro Passos Coelho.
«Oui au travail, non au chômage», «On ne peut pas continuer à travailler sans être payés», scandaient les employés mécontents. Ils ont remis une lettre exposant leurs revendications à un policier montant la garde.
«Mon pouvoir d'achat a baissé, les jeunes sont au chômage, les entreprises ferment les unes après les autres. Je ne vois pas d'issue», a déploré une retraitée lisboète.
Récession de 3%
Cette mobilisation intervient à quelques jours de la troisième mission trimestrielle de la Troïka (UE, BCE et FMI), représentant les créanciers publics du Portugal. La délégation est chargée d'évaluer l'exécution du plan d'aide financière d'un montant de 78 milliards d'euros adopté en mai.
En contrepartie de cette aide, Lisbonne s'est engagé à mettre en oeuvre un exigeant programme de rigueur et de réformes sur trois ans. Le plan doit assainir les finances publiques et augmenter la compétitivité de l'économie. Mais il devrait provoquer cette année une récession de 3% du PIB.