Israël et les Palestiniens ne se rallient pas au plan de paix de John Kerry

Des discussions intensives n'ont pas suffi à John Kerry pour rallier à son plan de paix les Palestiniens et Israël.

06 janv. 2014, 20:01
Une voyage de quatre jours infructueux pour John Kerry.

Le secrétaire d'Etat américain quitte lundi le Proche-Orient après une visite de quatre jours. Malgré des discussions intensives, John Kerry n'a pas réussi à convaincre Israël et les Palestiniens de se rallier à son plan de paix.

Les diplomates américains avaient averti qu'il ne fallait pas s'attendre à une percée lors de ce 10e voyage dans la région de M. Kerry. Le diplomate s'est heurté aux positions jusqu'à présent irréconciliables des deux camps.

Au cours de sa visite, le secrétaire d'Etat a proposé un projet d'"accord-cadre" traçant les grandes lignes d'un règlement définitif sur les frontières, la sécurité, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés palestiniens.

Les discussions portent non pas sur un, mais une série de documents, a précisé un responsable du département d'Etat dans l'avion ramenant M. Kerry vers Bruxelles.

Selon le quotidien israélien "Maariv", M. Kerry aurait fait pression sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour qu'il accepte une formule autorisant le retour en Israël d'un nombre limité de réfugiés chassés en 1948. Les dirigeants israéliens s'opposent drastiquement à ce retour.

Planification de colonies suspendue

De leur côté, les négociateurs israéliens souhaitent prolonger jusqu'en janvier 2015 ce cycle de pourparlers censé prendre fin le 29 avril, affirme "Maariv". En échange, ils accepteraient de suspendre les procédures de planification et de construction dans certaines colonies de Cisjordanie. Le mouvement palestinien, le Fatah, a quant à lui insisté sur le respect de l'échéance.

Parallèlement, un projet de 272 logements dans des colonies israéliennes en Cisjordanie a été approuvé dimanche, a révélé lundi l'organisation anticolonisation La Paix Maintenant. Celle-ci estime que "la construction pourrait débuter rapidement".

Avant son départ, M. Kerry a rencontré l'émissaire du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) Tony Blair et le nouveau chef de l'opposition israélienne Yitzhak Herzog. Mais il doit revenir dans la région en début de semaine prochaine pour poursuivre son forcing, rapporte la presse israélienne.

Le secrétaire d'Etat américain a effectué dimanche une mission éclair en Jordanie et en Arabie saoudite, se prévalant du soutien du roi saoudien Abdallah à ses efforts pour élaborer une solution "juste et équilibrée" au conflit israélo-palestinien.

Divergences profondes

Le secrétaire d'Etat a fait état de "progrès" pendant ses entretiens marathon avec M. Netanyahu (13 heures au total) et le président palestinien Mahmoud Abbas. Mais les divergences restent très profondes: M. Netanyahu a reproché à la direction palestinienne de manifester son "opposition à la reconnaissance d'Israël comme Etat juif", l'accusant de nier ainsi "notre droit (des Juifs) à être ici".

Israël rejette aussi les propositions américaines de contrôle de la frontière entre un futur Etat palestinien et la Jordanie, dans la vallée du Jourdain, qui s'appuient sur un éventuel déploiement de systèmes de surveillance sophistiqués.

Un dirigeant palestinien, Yasser Abed Rabbo, a relevé des "discussions sérieuses sur la manière d'avancer". Il a néanmoins prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre "à voir quelque chose d'écrit bientôt", faute de "progrès réel" sur les questions les plus épineuses.

Climat de pessimisme des deux côtés

Précédée par une recrudescence des violences à Gaza et en Cisjordanie, la visite de M. Kerry s'est déroulée dans un climat de récriminations et de pessimisme tant du côté israélien que palestinien. Elle a aussi eu pour toile de fond la dégradation de l'état de santé d'Ariel Sharon, ancien Premier ministre et ex-homme fort de la droite israélienne, dans le coma depuis huit ans.

L'opinion publique israélienne et palestinienne, plus sceptique que jamais après 20 ans de processus de paix, semble se désintéresser des efforts de John Kerry.

Le quotidien palestinien "Al-Quds" dénonce dans un éditorial lundi l'état de confusion de l'opinion publique créée par les fuites multiples et contradictoires sur le contenu des discussions, "bien que le président Mahmoud Abbas ait affirmé à maintes reprises les constantes et les lignes rouges palestiniennes".