Ni l’âge ni les aléas de la fortune n’avaient entamé sa stupéfiante frénésie d’entreprendre. Un jour de mai 2014, comme on le priait d’esquisser le bilan d’une carrière politique démesurément longue, Shimon Peres répondit d’une pirouette qui, à ses yeux, n’en était peut-être pas une. «Mes succès les plus importants», glissa-t-il, «sont ceux qu’il me reste à accomplir.» Il s’apprêtait à fêter ses 91 ans mais, au crépuscule de sa carrière, semblait avide d’autres lendemains. «Etre président, c’est comme vivre dans une cage dorée», ajouta-t-il d’une voix de bronze qui, avec l’âge, était devenue presque inaudible. «Si vous aimez l’or, il faut y rester. Mais moi, j’ai encore envie de voler...»
Shimon Peres, qui fut à la fois le père de la bombe atomique israélienne et celui des accords d’Oslo, s’est éteint hier, à l’âge de 93 ans, après avoir successivement exercé les fonctions de député, de ministre, de premier...