Italie: Berlusconi bientôt inéligible... peut-être!

Le Sénat italien entame ce lundi à partir de 15 heures un processus qui risque d'exclure Silvio Berlusconi du parlement.

09 sept. 2013, 07:04
Une fois de plus, le sort de Silvio Berlusconi va focaliser l'attention des médias et de la classe politique en Italie. Le Sénat entame lundi un processus qui risque de l'exclure rapidement du parlement.

Une fois de plus, le sort de Silvio Berlusconi va focaliser l'attention des médias et de la classe politique en Italie. Le Sénat entame lundi un processus qui risque de l'exclure rapidement du parlement.

Sur le papier, il n'y a aucun suspense après la confirmation en Cassation d'une peine de prison à son encontre pour fraude fiscale. En vertu de la loi Severino adoptée en 2012 le Cavaliere doit être privé de son fauteuil de sénateur et devenir inéligible.

"La loi est égale pour tous", a rappelé ces derniers jours le président du Sénat, Piero Grasso, en citant la devise affichée dans tous les tribunaux italiens.

Le fait que Berlusconi n'ait pas démissionné de son poste représente déjà "une exception dans le panorama des démocraties occidentales" où la plupart des hommes politiques jettent l'éponge dès qu'ils font l'objet d'une simple enquête, a souligné Nichi Vendola, chef du petit parti de gauche SEL.

Mais berlusconiens et anti-berlusconiens savent que le magnat des médias milliardaire ne s'avoue jamais vaincu. Même lorsqu'il avait cédé la place au technocrate Mario Monti en novembre 2011, discrédité et en pleine tourmente dans la zone euro, il avait affirmé partir "pour le bien de l'Italie".

Depuis des semaines, il refuse de demander une grâce au président Giorgio Napolitano car cela impliquerait qu'il reconnaisse sa culpabilité. Or M. Berlusconi est convaincu d'être victime d'une persécution de magistrats de gauche. "On veut éliminer politiquement mon père", a déclaré l'une de ses filles Barbara au journal Messagero samedi.

Des tractations se poursuivraient en coulisses entre ses bras droits, Fedele Confalonieri et Gianni Letta d'un côté, et l'entourage de M. Napolitano de l'autre pour éviter à l'ex-chef du gouvernement, bientôt 77 ans, l'humiliation d'un vote au parlement qu'il a qualifié de "peloton d'exécution".

La première étape aura lieu ce lundi avec une réunion à partir de 15h00 de la commission sénatoriale pour les élections. La parole y sera donnée à un représentant de sa formation de centre droit, le PDL. Celui-ci exposera les raisons pour lesquelles la loi Severino ne peut pas, selon lui, s'appliquer à Berlusconi.

Le PDL conteste le caractère "rétroactif" de cette loi adoptée après les faits reprochés au Cavaliere et a annoncé vouloir solliciter la Cour de justice européenne.

Animaux dociles

Un premier vote est prévu mercredi ou jeudi. Les partis de gauche, majoritaires au sein de la commission, ont déjà annoncé qu'ils se prononceront pour la déchéance et l'inégibilité du Cavaliere: deux sanctions qui, pour entrer en vigueur, nécessitent un autre scrutin en assemblée plénière.

"Si après avoir été jugé et condamné, Berlusconi s'en sort encore une fois, cela voudra dire qu'il est le plus fort de tous", a estimé Antonio Padellaro, directeur du journal de gauche Il Fatto Quotidiano, interrogé par la chaîne Sky TG24.

M. Padellaro a ironisé sur l'alternance de déclarations de guerre puis de paix de Berlusconi contre le gouvernement d'Enrico Letta (neveu de Gianni mais au centre gauche), qui unit de façon inédite la droite et la gauche.

"Tous les faucons, colombes, pythons ou hérons du PDL doivent leur poste à Berlusconi donc si le patron leur donne un ordre, tous les animaux du zoo le suivront", a-t-il estimé.